Abdelhakim Hadjou, Directeur Général de Trust Assurances Algérie: « La crise ne doit pas constituer un obstacle pour réaliser des exploits dans les assurances»

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Dans cet entretien, le directeur général de Trust Assurance, M.Hadjou nous parle de la stratégie de  la compagnie qu’il dirige qui lui a permit de surmonter les problèmes que connait actuellement le secteur des assurances. Selon lui, la TRUST assurance a su prendre les bonnes décisions au bon moment.

L’express DZ : Malgré la crise que connait le secteur des assurances, la compagnie TRUST Assurances a réalisé un bon chiffre d’affaire qui a crû de 12% en 2017. Quel est le secret de cet exploit ?

MHadjou : La crise ne doit pas être un grand obstacle pour réaliser des exploits en assurance. Dans pas mal de cas, elle peut constituer un bon stimulant pour le développement. Pour le cas de la TRUST je pense que nous avons su prendre les bonnes décisions au bon moment.

Il faut savoir que depuis la création de notre compagnie en 1997, nous nous sommes orientés essentiellement vers les risques entreprises qui a fait notre notoriété dans ce segment de marché et que celui des risques de particuliers tels que l’automobile a été placé en seconde priorité. Juste après ma prise de fonction en 2016, nous avons voulu donné un nouveau souffle à nos activités commerciales en direction de ce segment, suivant la nouvelle orientation stratégique de notre compagnie. Ceci représente une niche de développement très importante à même d’absorber les effets de la crise que traverse le pays et parmi les mesures prises nous citons le développement du segment des particuliers et l’extension du réseau commercial sur le territoire national, qui est passé de 59 à 165 agences à ce jour, dans le but de se rapprocher d’une clientèle isolée et n’ayant pas accès facile aux services de l’assurance.

Notre objectif est d’atteindre notre cible tout en innovant à travers de nouvelles offres en produits et en services adaptées aux besoins de nos prospects.

Pour certaines compagnies d’assurance, les résultats de la branche automobile ont baissé. Qu’en est-il pour Trust Assurance.

Effectivement au moment ou le marché a connu une régression dans le chiffre d’affaire en automobile, la Trust assurances a réalisé un taux de croissance à deux chiffre pour cette branche tout en gardant un équilibre dans notre portefeuille en automobile, au moment où les autres compagnies peinent atteindre cette objectif dans un marché qui stagne en terme d’évolution doublé par une rude concurrence sur les tarifs. Cette situation dénature la relation naturelle entre la bonne qualité de service et le tarif adéquat.

C’est vous dire qu’on a réussi non seulement à booster notre part dans cette branche mais également continuer à développer notre portefeuille entreprises, malgré la crise qui contraint un nombre important d’entreprises à abandonner leurs projets, et donc moins de risques à assurer et moins de primes à encaisser. Tout cela n’aurait pas pu se réaliser sans fournir une prestation de qualité tant dans l’accueil que dans l’indemnisation, avec une cadence de règlement en évolution permanente.

Le secteur des assurances a subit les conséquences de la crise que connait le pays, de plein fouet, en subissant une timide évolution l’année dernière, alors que cette année s’annonce encore plus dure. Comment les compagnies d’assurance peuvent-elles surmonter cette crise ?

Si on veut simplifier, on peut citer deux raisons majeures à cette stagnation que connait le marché des assurances et qui va se poursuivre vraisemblablement pour les deux années à venir. Primo, la forte baisse des importations et ralentissement des projets. Secundo, une concurrence féroce pratiquée sur les tarifs, par l’ensemble des acteurs du marché.

Il faut savoir que dans les pays développés la branche automobile ne représente que 40% des assurances aux biens et la culture assurantielle est tellement forte que ces marchés sont saturés. Et les risques de particuliers occupent une place importante dans le chiffre d’affaires des compagnies d’assurances. C’est encore loin d’être le cas de l’Algérie où non seulement ce segment de marché est mal exploité, le taux de pénétration reste l’un des plus faibles au monde avec 0.8% avec une densité par habitant de 30$/an en 2016.

Ce qui nous laisse imaginer que le potentiel assurable est loin d’être complètement couvert et que les compagnies d’assurances algériennes gagneraient énormément à aller sur des niches pas encore investies au lieu de se disputer le marché déjà existant.

Quant à la concurrence qui aujourd’hui est pratiquée exclusivement sur les tarifs au détriment de la qualité des produits et des services, on peut l’illustrer tel un serpent qui se mord la queue. Il faut savoir qu’elle pousse les assureurs à pratiquer des réductions allant parfois jusqu’à 90% et dans le meilleur des cas 70% pour les entreprises et 50% pour les particuliers.

Ce genre de pratiques sont extrêmement nuisibles et contraignent les assureurs dans le règlement rapide des sinistres. Ceci impacte directement la qualité de service et installe de la méfiance des assurés à l’égard de leurs assureurs. Le sujet doit être pris au sérieux en engageant une concertation de fonds entre les différents acteurs et permettre de stopper l’hémorragie pour le bien du secteur des assurances. Sachant que les autorités de contrôle ne cessent de nous encourager à améliorer nos systèmes de gouvernance, à collaborer pour la liquidation des dossiers et favoriser la concertation.

Certains responsables de compagnies d’assurances plaident pour qu’il n’y ait plus de ségrégation entre les compagnies publiques et privées, en matière de marchés, d’avantages et de monopoles. Qu’en pensez-vous ?

Je ne peux que rejoindre l’avis de mes confrères. Les situations monopolistiques ne favorisent guère l’essor du marché. On peut comprendre qu’on puisse choisir un assureur en fonction de ses capacités financières mais pas sur la base de son statut public ou privé.

L’ouverture du marché des assurances en Algérie s’est faite dans un esprit d’apporter un plus qualitatif et permettre la concurrence entre ses différents acteurs sans distinction aucune. Le seul critère de choix d’un assureur doit être basé sur le rapport qualité prix et seulement celui-ci. La TRUST représente à juste titre un cas concret d’un Assureur qui appartient à un groupe financier d’envergure et qui dispose d’une compagnie de réassurance capable d’offrir une véritable extension de capital à même de couvrir de grands risques et d’absorber une masse de risques de particuliers.

In fine les clients sont les premiers à bénéficier de nos capacités financières en choisissant notre compagnie dans la mise en place de leur programme d’assurance bien conçu en fonction de la nature de leurs activités et l’importance de leurs investissements.

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