Quel drôle de situation et quelle retournement de veste que vient d’opérer Ahmed Ouyahia l’ex Premier ministre débarqué il y a une semaine de son poste. Pourfendeur en chef du pouvoir du clan Bouteflika depuis vingt ans, il y a une semaine encore il défendait bec et ongles ce même pouvoir qu’il appelle aujourd’hui de tous ses vœux à partir.
Dans une lettre adressée ce lundi aux militants de son parti Ahmed Ouyahia leur conseille ni plus ni moins que surfer sur cette vague populaire qui demande depuis plus d’un mois au pouvoir de dégager et de laisser place nette aux nouvelles têtes intègres et propres : «il faut répondre dans les meilleurs délais aux revendications exprimées pacifiquement par les Algériens lors des manifestations populaires contre le système», a-t-il écrit, appelant à «éviter à l’Algérie toute dérive, et pour lui permettre de reprendre son souffle pour poursuivre le processus de développement économique et sociale».
Le patron du RND va encore plus loin dans ses critiques et exige de se débarrasser de ce pouvoir : «Il n’y a ni pouvoir, ni gouvernement plus cher que l’Algérie» dit-il prenant à contre-pied tout le monde y compris son porte-parole, Seddik Chiheb qui fanfaronnait il y a quelques jours sur l’inutilité de telles marches : «ce n’est pas à la rue d’imposer son agenda»disait-il fièrement.