Un conseiller du président Mitterrand récuse les propos de Bajolet sur l’interruption du processus électoral de 1992: «Qui donc pouvait y être favorable ?»

Date:

Olivier Zehar, ex-chargé de mission à la présidence de la République et directeur de cabinet, sous François Mitterrand a répondu sur un site électronique français aux propos de Bernard Bajolet, l’ancien ambassadeur de France et ex-directeur de la DGSE, sur les relations entre la France et l’Algérie mais aussi sur ses écrits parus dans son récent livre «le soleil ne se lève plus à l’Est». 

De prime abord, il démonte les propos de l’auteur du livre qui indique connaitre les positions du président François Mitterrand à propos de la crise de 1992 (interruption du processus électoral) et la venue de Mohamed Boudiaf à la tête du HCE.

Selon cet ancien chargé de mission à l’Elysée «il est assez classique de prétendre abreuver le lecteur de secrets quand on vient du monde du secret d’Etat. En revanche, il est moins classique d’affirmer connaître les positions d’un président de la République de cette façon. La présidence n’a pas pour fonction d’informer la DGSE ou le Quai d’Orsay, alors que l’inverse est vrai. Certes, la présidence consulte les services et, à ce titre, des échanges d’informations peuvent avoir lieu» dit-il. 

Et d’ajouter plus loin qu’en aucune façon M. Bajolet «n’a été informé des positions du Président concernant certains points des relations avec l’Algérie. Seuls certains ministres pouvaient l’être, pas le CAP (le Centre d’analyse et de prévision) ou la DGSE. Il se livre donc à des interprétations qui, à mon sens, sont erronées. Le président Mitterrand qui avait connu M. Boudiaf, dirigeant du FLN pendant la guerre d’Algérie, ne pouvait, ni ne voulait s’immiscer dans les affaires algériennes. Pas plus lorsque Boudiaf est devenu le président Boudiaf. Pour ces raisons, il entendait donc travailler avec lui en tant qu’homologue et des dates de rendez-vous à Paris avaient été arrêtées. L’histoire en a décidé autrement». 


Lire aussi:  L’ex ambassadeur Bernard Bajolet ne sait plus se taire: Les intérêts de la France ont-ils été touchés ?


Concernant l’interruption des élections législatives de 1991, «qui donc pouvait y être favorable ?» soutient-il : «En Algérie comme en France, et pour autant une certaine raison a fait loi. Les dirigeants algériens de l’époque, quelle que soit leur obédience, n’ont pas eu recours au conseil extérieur pour ce faire. La déclaration du président français, consécutive à cet arrêt du processus électoral, est naturelle et vise aussi à ne pas faire apparaître cette décision comme pouvant émaner d’un parti de la France si cher à certains… Sans doute son caractère injonctif fut mal interprété et, donc, ce fut une erreur à caractère émotif. Pour finir, en aucune manière, le second septennat du président Mitterrand n’aura été marqué par une quelconque volonté d’ingérence dans les affaires algériennes, bien trop de prudence d’expérience et donc de respect caractérisaient sa conception du pouvoir» a-t-il tenu à préciser.

Dans son livre Bajolet tente de porter un jugement sur l’arrêt du processus électoral en 1992 en Algérie, après la victoire du FIS. Selon lui «un arrêt du processus ne constituait, selon lui, qu’une hypothèse au sein du Comité interministériel du renseignement (CIR). Si le FIS prenait le pouvoir en Algérie, il ne le rendrait pas. Sa victoire risquerait de provoquer une émigration massive vers la France (…) Si, au contraire, on le lui laissait, il devrait se montrer pragmatique et compter avec la France. Il évoluerait vers plus de modération. Il révélera que François Mitterrand avait tranché afin que les dirigeants algériens renouent le fil de la démocratisation».

Selon M. Bajolet, Mitterrand dit avoir regretté, a posteriori, le fait de «n’avoir pas donné sa chance à Mohamed Boudiaf, figure emblématique de la Révolution algérienne et homme intègre, que la junte militaire avait rappelé de son exil».

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Share post:

Info en continu

Articles associés
Related

Chanegriha préside la 17ème session du Conseil d’orientation de l’Ecole supérieure de Guerre

Le Général d'Armée, Saïd Chanegriha, Chef d'Etat-major de l'Armée...

Coupe d’Algérie : le CRB élimine l’USMA aux tirs aux but (3-1) et rejoint le MCA en finale

Le CR Belouizdad a rejoint le MC Alger en...

Chanegriha supervise l’exécution d’un exercice tactique avec munitions réelles en 3ème Région militaire

Le Général d'Armée Saïd Chanegriha, Chef d'Etat-major de l'Armée...

Réunion du Gouvernement : examen de projets de lois et présentation d’exposés relatifs à plusieurs secteurs

Le Premier ministre, M. Nadir Larbaoui, a présidé, mercredi...