Automobile : Les constructeurs tombent dans leur propre piège

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La période de flottement que connait actuellement le marché de l’automobile en Algérie n’est pas le fruit du hasard. La reconfiguration du paysage automobile, issu d’une série de cahiers des charges et de la redistribution des marques à des «concessionnaires surprises» et des constructeurs inconnus sur la place publique auront eu gain de cause et ont mis à genoux la dynamique du marché.

Et si les clients avaient subi les retombées inflationnistes, dictée par le monopole et l’érosion du dinar de 2015 à 2018, il est évident que le gouvernement tentait d’opérer, en parallèle, des audits et surveillait les dysfonctionnements chez des constructeurs qui glanaient des marges bénéficiaires scandaleuses, voire passibles de la résiliation du contrat au tort, d’autant que le ministère de tutelle accordait des avantages fiscaux et parafiscaux de telle manière à ce que la voiture Made In Algeria soit non seulement compétitive, mais aussi et surtout accessible. Rien ne fut jusqu’au moment où le ministre de l’Industrie et des Mines, Youcef Yousfi, casse la baraque.

En divulguant les prix de sortie d’usine, le ministre ne s’attendait surtout pas à la déferlante populaire, tant que les réseaux sociaux que sur la place publique. Très vite, un chiffre sort du néant : les constructeurs sont redevables de la coquette somme de 60 milliards de centimes au Trésor public pour avoir appliqué la taxe sur la valeur-ajoutée (TVA) sur les véhicules neufs vendus sur le marché local.

Devant le fait accompli, ces constructeurs baissent les prix. Pour certains, il s’agissait d’un réajustement conjoncturel, pour d’autres, il s’agissait d’aligner les prix pour instaurer une concurrence loyale. Or, la baisse a bel et bien eu lieu, et ce, au moment où les ménages étaient plafonnés, donnant lieu à un scénario inédit dans l’histoire de l’automobile algérienne : même moins cher, le véhicule neuf ne trouve plus d’acquéreur ! la campagne « Khaliha Tsadi » (laisse-là se rouiller) a eu ses effets.

Piégés, alors que la loi de finances complémentaire (LFC-2018) contient de nouvelles clauses auxquelles le ministère des Finances tient énormément, les constructeurs se retrouvent devant un nouvel handicap : l’inévitable augmentation des prix attendue à partir du mois de juillet, à en croire le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, qui n’a pas encore détaillé la nouvelle démarche liée à la TVA.

Encore une fois, le gouvernement devra réajuster un marché totalement disloqué alors que les kits d’importation ne cessent de siphonner les devises du pays pour assurer un montage en mode SKD, sans des taux d’intégration attendus, et, mieux, sans instaurer le moindre écosystème qui pourraient attirer les équipementiers du monde tant attendus.

Autrefois piégés par les différents ministres chargés de l’Industrie, ces constructeurs ont fini, par manque d’expérience et de visibilité, par tomber dans leur propre piège. C’est dire que c’est un retournement de situation inattendu. Combien de milliards ont été glanés durant les années fastes de l’activité automobile ? Combien de milliards de dollars déboursés dans l’activité ? Combien d’emplois créés et combien on en perdus avec ces chamboulements ? Le Trésor public a-t-il gagné ? A qui la faute ?

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