Vingt ans après, la télévision nationale (ENTV) retrouve enfin sa liberté de ton même si parfois elle continue de dénaturer le «message» de certains des intervenants. De télévision publique elle est devenue un instrument exclusif au service du régime en place interdisant tout espace à l’ensemble de l’opposition politique. Rébarbative, ennuyeuse et redondante, l’ENTV a perdu des millions de téléspectateurs au profit de chaînes privées qui ont trouvé l’aubaine de «mordre» dans l’audimat de cette chaîne de TV dirigé par un ancien responsable de l’information à la présidence de la république, ex DG de l’ENRS, ex directeur de l’APS et ancien conseiller en communication du premier directeur de campagne du candidat Bouteflika, en l’occurrence Toufik Khelladi.
Plusieurs manifestations et protestations ont été organisées par les journalistes du secteur public dans le but de revendiquer leur droit d’expression et le droit d’informer les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs. Aujourd’hui et après la réaction des journalistes qui ont dénoncé cet état de fait, l’ENTV a ouvert ces derniers jours l’antenne aux chefs de partis de l’opposition et ouvre désormais ses JT aux manifestations populaires.
Hormis la marche populaire du 22 février, toutes les autres marches qui ont suivi ont été couvertes. Celle de vendredi dernier a duré plus de 25 mn. Du jamais vu ! Dans son dernier communiqué, le parti Jil Jadid dénonce l’attitude «dédaigneuse» de certains médias visant particulièrement l’ENTV : «Avec la contestation populaire, les médias algériens ont pu gagner quelques espaces de liberté. S’affranchissant du silence imposé, beaucoup d’entre eux ont commencé à couvrir les manifestations de rue et à donner la parole à beaucoup de monde. Dans l’effervescence générale, les plateaux tv se sont multipliés avec une large palette d’intervenants. La vie politique étant ce qu’elle est, beaucoup d’embusqués sont apparus soudain, mis en avant pour étaler leurs analyses et leurs conseils. Cela est de bonne guerre», indique-t-il. Il a ajouté que «ce qui l’est moins par contre, est la censure silencieuse mais générale que subit Jil Jadid. Ainsi, la plupart des chaines de TV, sont hermétiquement fermées aux cadres de Jil Jadid. Les animateurs des grandes émissions ont apparemment perdu ses coordonnées» dit-il.
Apparemment le coup de gueule du président de Jil Jadid, Soufiane Djilali a été entendu puisque ce parti annonce dans un tweet, que pour la première fois depuis 2012, son président, Sofiane Djilali, «sera ce dimanche sur les écrans de la télévision publique pour une émission politique diffusée en direct à partir de 21 heures».
