La demande mondiale de climatisation pourrait tripler d’ici 2050

Publié à l’occasion de la COP30 à Belém, au Brésil, le nouveau rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), intitulé « Global Cooling », alerte sur la forte progression de la demande mondiale de climatisation, qui pourrait plus que tripler d’ici 2050 si les tendances actuelles se poursuivent. Une évolution qui risquerait d’aggraver le réchauffement climatique et de provoquer une surcharge des réseaux électriques.

Selon le PNUE, cette hausse s’expliquerait par la croissance démographique, l’augmentation des revenus, la multiplication des vagues de chaleur extrême et l’accès croissant des ménages à faibles revenus à des systèmes de climatisation peu efficaces et fortement émetteurs. Face à cette situation, le rapport appelle à une transition vers un refroidissement durable, combinant des techniques passives, des systèmes à faible consommation d’énergie et des solutions hybrides associant ventilateurs et climatiseurs économes. Une telle approche permettrait, selon le PNUE, de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 64 % d’ici 2050, soit l’équivalent de 2,6 milliards de tonnes de CO₂, tout en protégeant trois milliards de personnes contre les effets de la chaleur et en économisant jusqu’à 43 000 milliards de dollars en coûts d’énergie et d’infrastructure.

Combinée à une décarbonation rapide du secteur énergétique mondial, cette stratégie pourrait faire chuter les émissions résiduelles liées au refroidissement de 97 % par rapport aux niveaux actuels. Le rapport insiste également sur le fait que le refroidissement durable doit être accessible à tous, en particulier aux populations vulnérables comme les petits exploitants agricoles, les femmes, les personnes âgées ou les ménages à faibles revenus. Il repose sur un ensemble de mesures intégrées, telles que la promotion de bâtiments bien isolés, la création d’espaces verts urbains, l’adoption rapide d’équipements à haute efficacité énergétique et la réduction progressive des hydrofluorocarbures (HFC), conformément à l’amendement de Kigali.

Le document souligne par ailleurs que près des deux tiers des réductions d’émissions possibles proviendraient de solutions passives et à faible consommation d’énergie, d’où l’urgence de les intégrer aux politiques publiques et à l’aménagement urbain. Leur adoption généralisée permettrait d’économiser jusqu’à 17 000 milliards de dollars en coûts énergétiques cumulés d’ici 2050 et d’éviter jusqu’à 26 000 milliards de dollars d’investissements dans les réseaux électriques grâce à la baisse de la demande en électricité.

Le rapport indique en outre que 72 pays ont déjà adhéré à « l’Engagement mondial » pour le refroidissement, qui vise à réduire de 68 % les émissions du secteur d’ici 2050, conformément à la trajectoire du refroidissement durable. À la mi-2025, 29 pays avaient fixé des objectifs chiffrés de réduction des gaz à effet de serre pour ce secteur et cinq autres étaient en train d’élaborer leurs stratégies. Au total, 134 pays ont intégré le refroidissement dans leurs plans climatiques nationaux, mais seuls 54 disposent de politiques globales couvrant les trois domaines prioritaires : le refroidissement passif dans les codes de construction, les normes minimales de performance énergétique et la transition vers des fluides frigorigènes alternatifs. Soixante-dix-huit pays n’en couvrent que deux, quarante un seul et vingt n’ont pas encore entamé de démarche en la matière.