L’Algérie récupère l’hôtel El Palace à Barcelone

L’hôtel El Palace de Barcelone (Espagne), connu autrefois sous le nom de Ritz et considéré comme le plus ancien établissement de luxe de la ville espagnole, appartient désormais à l’État algérien. Le Fonds national d’investissement (FNI), relevant du Premier ministre, a officiellement reçu, le 1er août dernier, « le plein domaine de la propriété » de l’immeuble situé au 664-668 Gran Via de les Corts Catalanes, rapporte ce mardi 28 octobre le journal espagnol Lavanguardia.

L’hôtel appartenait depuis 2011 à Ali Haddad, homme d’affaires algérien actuellement en détention « pour des affaires de corruption, d’abus de pouvoir et de détournement de fonds », rappelle le média espagnol. La justice algérienne réclamait depuis plusieurs années à l’Espagne la restitution du bien, estimant qu’il avait été acquis grâce à des fonds détournés.

Cependant, souligne Lavanguardia, la reprise d’El Palace par l’État algérien ne semble pas être le résultat d’une décision judiciaire, mais d’un accord conclu avec l’ancien propriétaire Ali Haddad. En effet, au registre foncier de Barcelone, la transmission du bien apparaît comme une « dation en paiement de dette », une procédure qui suppose un consentement mutuel entre les deux parties.

Ali Haddad, 60 ans, ancien président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), dirigeait l’ex-ETRHB, la plus importante société privée du pays dans le secteur du bâtiment. Il avait acheté El Palace en décembre 2011 au groupe Husa, alors dirigé par Joan Gaspart, ancien président du FC Barcelone. Le montant de la transaction avait été estimé à 80 millions d’euros par Lavanguardia. Lors d’un procès tenu en Algérie après 2019, l’ancien patron de l’ex-ETRHB avait déclaré avoir versé 54 millions d’euros, en recourant à des prêts bancaires et à un prêt personnel. Le journal indique aussi que le FNI prendra en charge la dette bancaire impayée laissée par Haddad.

Le transfert de propriété est encore en cours d’enregistrement en Espagne. Il a été examiné le 20 octobre et « jugé négatif, sans que soit précisé si un motif technique ou substantiel était à l’origine de ce transfert ». Cependant, selon le média, « en tout état de cause, le transfert de propriété en Espagne intervient dès l’acte authentique », ce qui signifie que l’hôtel est « la propriété du FNI depuis août, après son enregistrement officiel ».

Depuis son arrivée à la tête de l’Etat, le président Abdelmadjid Tebboune a fait de la récupération des biens mal acquis à l’étranger une priorité. Le chef de l’État avait évoqué à plusieurs reprises le cas de l’hôtel El Palace de Barcelone, sans le nommer directement. Le 9 octobre dernier, il avait annoncé la récupération de ce bien. « L’Espagne nous a restitué un hôtel 5 étoiles que quelqu’un avait acquis avec des fonds détournés », a-t-il déclaré dans une allocution prononcée au siège du ministère de la Défense nationale. Il a précisé que l’Algérie avait récupéré pour 30 milliards de dollars de biens détournés.