Maroc : appel à la démission du gouvernement après la répression des manifestations

Un collectif de jeunes Marocains (GenZ 212), à l’origine des manifestations contre la situation socio-économique et la corruption, a appelé à la démission du gouvernement après une sixième soirée consécutive de protestations, marquées par une répression ayant fait au moins trois morts, selon plusieurs médias.

« Nous demandons la dissolution du gouvernement actuel pour son échec à protéger les droits constitutionnels des Marocains et à répondre à leurs revendications sociales », indique le collectif dans un communiqué adressé au palais royal. Le texte réclame aussi l’ouverture d’un « processus judiciaire équitable pour poursuivre les responsables de corruption ».

Les manifestations ont commencé samedi dernier et se sont poursuivies jeudi dans plusieurs villes du pays. Les protestataires demandent de meilleurs services publics dans la santé et l’éducation, plus de justice sociale et une lutte réelle contre la corruption.

Trois morts à Leqliaa

L’intervention des forces de l’ordre du Makhzen a causé de trois personnes et blessé plusieurs autres à Leqliaa, dans la province d’Inzegan, près d’Agadir, dans le sud du Maroc. Des manifestants ont également été arrêtés. Selon les autorités, certains d’entre eux risquent des peines allant jusqu’à 20 ans de prison, voire la réclusion à perpétuité, ce qui a suscité de vives critiques d’organisations locales et internationales de défense des droits de l’homme.

Des médias locaux ont diffusé des photos et vidéos montrant l’usage excessif de la force, ce qui a provoqué une vague de colère dans le pays et à l’étranger.

Condamnations internationales

Plus de quinze organisations internationales de défense des droits de l’homme ont condamné la répression, estimant qu’elle s’inscrit dans une politique visant à « empêcher les citoyens d’exercer leurs droits constitutionnels à la liberté d’expression et de réunion pacifique ».

Ces organisations affirment que la campagne sécuritaire contre les manifestants pacifiques s’est traduite par « une répression brutale, des violences systématiques et des arrestations arbitraires ». Elles rappellent que la mobilisation est liée à des crises sociales, notamment le décès de huit femmes enceintes dans un hôpital public d’Agadir, événement qui a déclenché une forte indignation.

Parmi les slogans entendus figure « Des hôpitaux avant les stades », en référence aux choix budgétaires de l’État, davantage orientés vers la préparation de la Coupe du monde 2030 que vers les services essentiels.

Cinq mesures demandées

Dans leur communiqué, les organisations réclament la libération immédiate des personnes arrêtées, l’ouverture d’une enquête indépendante sur l’usage excessif de la force, le respect des libertés fondamentales, la fin des intimidations contre les militants et journalistes, ainsi que l’ouverture d’un dialogue national sur la santé, l’éducation et le chômage.

Elles estiment que les violations constatées concernent aussi les engagements internationaux du Maroc, en particulier l’article 21 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui encadre strictement les restrictions au droit de réunion pacifique.