L’appel conjoint de Chems-Eddine Hafiz et Jean-Paul Vesco pour une réconciliation

Les relations entre l’Algérie et la France traversent depuis plus d’une année une crise diplomatique sans précédent. Alors que les échanges bilatéraux sont pratiquement à l’arrêt, le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, et le Cardinal d’Alger, Jean-Paul Vesco, ont lancé dimanche 24 août un appel commun à la « fraternité » entre les deux peuples. Leur tribune a été publiée dans Le Monde et relayée par Casbah Tribune.

« Nos peuples ne doivent pas être les victimes collatérales des crispations diplomatiques », écrivent-ils, estimant que la crise actuelle ne doit pas briser les liens humains qui existent entre Algériens et Français.

« Nous sommes des frères »

Franco-Algériens, Chems-Eddine Hafiz et Jean-Paul Vesco dirigent respectivement la principale institution religieuse musulmane en France et l’Église catholique en Algérie. « Nous sommes des frères », affirment-ils dans leur texte, soulignant qu’une « grave crise obscurcit » les relations entre les deux pays.

« Nous disons haut et fort, en notre nom propre et dans l’humilité de nos responsabilités, ce qui nous unit : nous sommes des frères », poursuivent-ils, rappelant que « seule la fraternité pourra dessiner un avenir solide ».

Les deux responsables religieux ajoutent : « La différence n’est pas un problème, mais une chance. Être citoyen à part entière n’implique pas de se dépouiller de sa foi, mais de la vivre dans un esprit de responsabilité et de respect ».

Stigmatisation des Franco-Algériens

Alors que la députée écologiste Sabrina Sebaihi a récemment alerté sur la stigmatisation croissante des Franco-Algériens en France, Chems-Eddine Hafiz et Jean-Paul Vesco mettent en garde contre les conséquences sociales et humaines de la crise.

« Nos peuples ne doivent pas être les victimes collatérales des rivalités d’État à État », insistent-ils. « Nous sommes aussi frères parce que nous nous reconnaissons dans cette condition particulière : être Franco-Algériens », précisent-ils, refusant « d’être considérés comme des étrangers dans l’un ou l’autre pays ».

La question mémorielle

Dans leur appel, ils abordent également la dimension historique des tensions récurrentes entre les deux pays. « Nous ne pouvons que constater que la dégradation actuelle des relations entre la France et l’Algérie plonge ses racines dans un passé douloureux, lesté de blessures qui n’ont pas été dites avec la vérité nécessaire », écrivent-ils.

Ils regrettent que « des paroles de réconciliation aient manqué », estimant qu’elles « auraient permis d’ouvrir un avenir apaisé ». Toutefois, affirment-ils, « elles sont encore possibles ».

« La tentation est grande d’instrumentaliser la mémoire pour en faire un champ de bataille. Nous croyons que la vérité historique, lorsqu’elle est assumée sans humiliation, est un chemin vers l’avenir et non un retour en arrière », concluent-ils.