Un autre «baron de la bande» va tomber: Mahieddine Tahkout ce dimanche devant le tribunal

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L’homme d’affaires Mahieddine Tahkout, ses proches ainsi que plusieurs personnes seront auditionnés ce dimanche par le tribunal de Sidi M’hamed dans l’affaire des contrats conclus avec des entités administratives et des entreprises publiques portant sur la vente de véhicules et bus commercialisés par son groupe Hyundai et du marché juteux des bus universitaires.

L’homme d’affaires est l’opérateur numéro 1 du transport des voyageurs en Algérie où il détient presque un monopole du transport universitaire. Ces bus transportent la majorité des 1,5 million d’étudiants algériens à travers plusieurs régions.

 La présentation devant le tribunal fait suite à ces interrogatoires par les éléments de la gendarmerie nationale de Bab J’did. Mahieddine Tahkout, a dans les années 1990 à un moment où l’Algérie était confrontée à un réel problème de trésorerie a su sentir les bonnes affaires.

La première était le transport des étudiants dans un moment où le pays vivait des moments dramatiques. Alors que ses bus généraient, au début des années 2000, jusqu’à 10 000 DA de recettes par jour et par véhicules, le parc prenait de l’ampleur.

La SNVI n’arrivant pas à satisfaire ses besoins, la société Tahkout importe à tour de bras des autobus de marque Mercedes Benz dans un premier temps avant de passer commande pour des véhicules chinois.  Les bus desservent, dès 2005, de grandes lignes vers Tipaza, Boumerdès et Blida. L’homme finit par asseoir son monopole sur l’ensemble des universités du pays.

Le transport universitaire étant désormais acquis, Mahieddine Tahkout s’attaque désormais à d’autres segments : il crée une filiale dédiée au transport de voyageurs sur de longues distances. Comme d’habitude, l’homme ne tarde pas obtenir les autorisations de lignes et à livrer une concurrence à une autre entreprise publique, la SNTV (Société nationale de transport de voyageurs), qui compte plusieurs filiales régionales).

L’acquisition des bus ne pose donc aucun problème puisque les banques publiques sont également mises à contribution. Et pour ne rien perdre, Tahkout achète les bus des marques chinoises dont il est le seul concessionnaire dans le pays. Ne pouvant se satisfaire des seules lignes intérieures, Mahieddine Tahkout s’intéresse désormais aux lignes internationales.

Il signe, l’an dernier, un accord pour assurer des dessertes entre l’Algérie et la Tunisie. Il a signé un accord avec la Société nationale tunisienne de transport interurbain (inter-villes). Le contrat porte sur l’exploitation de deux nouvelles lignes, l’une reliant la wilaya d’El Oued  à Gafsa (Tunisie) et la seconde entre la wilaya de Tébéssa à la ville tunisienne de Kasserine en prévoyant des extensions le cas échéant, selon le procès-verbal de réunion.

L’entreprise Tahkout Mahieddine chasse sur tous les terrains : Transport universitaire, transport aérien avec Air Méditerranée, média, montage automobile de plusieurs marques étrangères et désormais le transport en commun.

Tahkout Mahieddine, bien embusqué, saute déjà sur les bonnes affaires. Parmi elles, il y a le marché juteux du transport urbain et suburbain à Alger. Si le contrat fait le bonheur de ce groupe privé, au sein de l’entreprise publique (ETUSA) l’accord fait grincer des dents.

Éclatée au mois de janvier 2010, suite, selon un rapport qui a fuité dans la presse, à une lettre de dénonciation reçus par les autorités, une enquête a été initiée par les services de sécurité sur la prise de participation de TM et consorts pour 75 millions d’euros dans cette entreprise pour la  justification de la détention d’une telle somme par un résident algérien ainsi qu’un grand complexe hôtel, station de service et autres sociétés dans la région de Marseille et Nîmes estimés à des dizaines de millions d’euros.

Après le déclenchement de l’enquête et l’interdiction de sortie du territoire prononcé contre TM, un transfert de propriété d’Air Méditerranée a été effectué par TM et consorts à une entité morale qui se trouve dans un paradis fiscal.

Le dossier n’a pas connu de suite. Une enquête a été diligentée par l’IGF et des conclusions ont été transmises aux services du Premier ministre de l’époque. Les conclusions de cette enquête indiquent l’octroi à TM des centaines de bus à des prix fixes pendant de longues périodes et sans possibilité de renégociation des prix alors que le prix a augmenté ; paiement en centaines de millions de DA à la SNVI pour la fourniture d’une grosse flotte de bus avec des chèques de banque Khalifa et Union Bank qui, selon les observateurs, n’ont jamais été honorés car antidatés, mise à disposition gratuitement par la SNVI de 10 hectares de terrain comme parking pendant 8 ans sans autorisation des instances dirigeantes.

Préjudice estimé à 180 000 000 de DA par an, fourniture à MT de 350 moteurs de bus et camions neufs 20 mois après l’expiration de la période de garantie. MT a accaparé des dizaines de milliers de mètres carrés à la zone industrielle de Rouiba non attribuables car situés dans une zone non constructible.

Lors de la visite 2009/2010 de l’ex- ministre de l’Industrie, M. Temmar, les industriels de la zone ont signifié leur mécontentement. Une enquête a aussi été ordonnée. Au départ, CIMA MOTORS a signé un contrat de concessionnaires avec trois partenaires chinois avec lesquels il domicilie les factures d’importation chez Société Générale d’Algérie.

TM crée ensuite une société d’export à Marseille qui refacture des voitures d’autres marques au prix très élevé, ce qui cause une fuite conséquente de la devise. Les concessionnaires légaux disposant d’un contrat de concession avec les maisons mères ont dénoncé cet état de fait mais sans succès car TM continue à piétiner les lois de la République.

Les enquêtes diligentées par les services de sécurité et la Banque d’Algérie ont été stoppées net : Affaire VEDIS TM s’approvisionnait en pièces de rechange et en véhicules chez ce concessionnaire depuis des années et voilà qu’il refuse de payer une ardoise de plus de 400 millions de DA et l’affaire Moula BIC TM a accaparé cette unité industrielle en chassant les propriétaires et les quelques 300 travailleurs grâce à sa société de sécurité qui chasse les ouvriers manu militari.

Pour sa part Bilel Tahkout, fils de l’homme d’affaire qui bénéficiait d’une concession de 8000 ha en 2016 dans le but de réaliser un projet de production d’arbres fruitiers, s’est vu lui aussi retirer ses terres pour les mêmes motifs. Ces concessions ont été obtenues grâce à la corruption de hauts fonctionnaires de l’ONTA, dont certains ont été entendus par la justice

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