Ould Kablia à propos du rôle de Salah Bouakouir lors de la guerre d’Algérie: « C’est lui qui a pris l’initiative d’aider la révolution algérienne »

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Certaines vérités remontent à la surface après des décennies de silence, s’agissant notamment de figures importantes qui ont contribué de près ou de loin à la révolution algérienne.

Aujourd’hui encore, certains noms sont tus ou accusés à tort d’avoir été dans les rangs de la France durant la guerre de Libération nationale (1954-1962). Parmi ceux-là, Salah Bouakouir, qui pendant longtemps a été considéré comme «traître» par les tenants du pouvoir allant jusqu’à débaptiser une rue portant son nom.

En effet juste après l’indépendance, le président du gouvernement provisoire, Abderrahmane Fares baptise la rue sur les hauteurs d’Alger du nom de Salah Bouakouir. Mais en 1992, les autorités décident de débaptiser cette rue.

Le défunt président Mohamed Boudiaf, de passage sur les hauteurs d’Alger, avait été surpris de constater que le célèbre boulevard du Télémly portait le nom de Salah Bouakouir. Il décida aussitôt d’user de ses prérogatives et de le débaptiser.

S’ensuivit une polémique sur le rôle de Salah Bouakouir. Dahou Ould Kablia, ex cadre du MALG alors dirigé par Abdelhafid Boussouf n’a pas cessé durant plus de vingt ans de disculper cet homme des accusations lancées contre lui.

Selon Ould Kablia de passage ce mardi au Forum d’El Moudjahid, c’est Salah Bouakouir qui a pris en premier l’initiative d’aider la révolution algérienne en allant à la rencontre de Ferhat Abbes, alors président de la république provisoire de passage à New Delhi : «Il a demandé à rencontrer Ferhat Abbes à New Delhi ou il était lui aussi en mission pour savoir de quelle manière il pourrait aider la révolution algérienne. Le président Ferhat Abbes a ensuite pris la décision de le mettre en contact direct avec Boussouf, le chef du MALG.

Le plan de Constantine c’est lui. Le grand dossier relatif aux intentions de la France sur le pétrole en Algérie c’est encore lui puisqu’il nous a remis tous les documents. Même s’il a aidé à la fin de la guerre il mérite lui aussi le titre de chahid» dit-il.

Ould Kablia soutient avec force que ce dernier «a rendu des services honorables à la révolution», relevant au passage que des «informations importantes» ont été transmises au MALG : «De par ma position et mes fonctions au sein du MALG c’est moi qui recevait tous les rapports envoyés par Bouakouir. Et c’est pour cette raison, celle d’avoir aidé la révolution algérienne qu’il a étêté par l’armée française» ajoute-il.

Salah Bouakouir est mort d’une mystérieuse «noyade» en septembre 1961, attribuée à l’OAS. Ould Kablia a soutenu que le MALG «comptait beaucoup d’amis qui étaient dans l’administration coloniale et qui ont rendu moult services à la Révolution mais ne voulaient pas que leurs noms soient communiqués aux militants. Tous ces gens ont donné des choses honorables à la révolution algérienne et Salah Bouakouir doit être considéré comme un martyr de cette Révolution pour tout ce qu’il lui a donné».

Pour ceux qui ne le savent pas, Salah Bouakouir était, durant la guerre de libération l’un des deux polytechniciens algériens de l’époque. Il était le directeur général des affaires économiques et de l’industrialisation. A ce titre, Salah Bouakouir aura été l’un des pionniers de l’expérience nucléaire en Algérie, un acteur important sur le plan administratif de cette entreprise, initiée par Francis Perrin, le Haut-Commissaire français à l’Energie Atomique.

Dès le début des années 50, certains tenants de la colonisation s’étaient mis à rêver d’un «Los Alamos» français situé dans le désert algérien. Un vaste projet mis en place par l’ancienne puissance coloniale pour son développement dans le domaine nucléaire. Un rêve presque fou puisque les événements de la Guerre de libération réduiront à néant ces ambitions meurtrières eu égard aux graves conséquences sanitaires et écologiques subies dans le sud du pays.

Paul Delouvrier qui a été délégué général du gouvernement en Algérie en 1961, a laissé entendre dans un entretien que Salah Bouakouir était un intermédiaire avec le FLN combattant.

Quoique qu’il en en soit, l’exigence affichée, aujourd’hui, par l’Algérie quant à l’ouverture des archives de l’armée française sur les essais nucléaires en Algérie va très certainement faire la lumière sur le rôle de Salah Bouakouir.

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