Ce que l’Algérie doit au « hirak »

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  Le « hirak » a été vécu en Algérie comme un événement d’une ampleur telle qu’il a totalement refondé l’ordre des priorités et reconfiguré les paradigmes figés depuis deux longues décennies.  Comment le regarderait-on aujourd’hui, en mettant de côté la nostalgie des uns et l’embarras des autres ? Les manifs du 22 février 2019 ont-elles constitué, oui ou non, une chance pour un changement ? Concrètement, et même si le sujet soulève des arrière-pensées, somme toute légitimes, la réponse est  oui.

   Il est vrai aussi que le hirak a fonctionné comme un « panier à crabes », faisant sortir au gré des meneurs de foule, quantité de récriminations sans cesse nouvelles et plus radicales, au point de faire éveiller des soupçons sur la nature et le noyau-moteur du hirak. Il est vrai aussi que, une année après, au printemps 2021, il y avait plusieurs hirak et non plus un seul ; des groupes s’y mettaient, en y mettant de nouvelles revendications, agissant sous faux drapeaux, avançant avec de faux nez et faisant dériver imperceptiblement la trajectoire de la volonté populaire.

Mais au bout du compte, le hirak aura aidé le pays à se remettre en cause. La « système Bouteflika » était arrivé à ses extrêmes limites et ne pouvait plus, mathématiquement parlant, continuer à fonctionner. La machine politique était arrivée à saturation et commandait d’en changer les mécanismes. Les étapes franchies depuis lors ont séparé début 2019 du début 2022. Trois ans ont passé et beaucoup de choses ont changé. Tout n’est pas encore en rose et blanc, mais on pousse pour y arriver. Il faut aussi croire. Beaucoup reste à faire, des résistances persistent et des objectifs non atteints qui demandent plus d’efforts. Tout cela est là, perceptible.

Les diverses étapes électorales ont permis aussi un tri politique et sociologique important. Les changements se sont fait par doses homéopathiques, mais se sont opéré tout de même. Beaucoup de leçons ont été apprises, beaucoup de conclusions tirées aussi. L’échec des politiciens et de la presse a été latent. Sur principalement l’incapacité de pouvoir prévenir un orage qui avait livré ses prémisses auparavant. Aucun éclairage médiatique n’était venu à la rescousse des responsables. Personne n’a rien vu venir. Un bon sujet à méditer là aussi.

Les diverses étapes politiques observées depuis lors ont un tant soit peu révoqué de la nomenklatura des avant-postes de responsabilité. Et quels que soient aussi les appréciations que l’on peut avoir sur la « grande lessive » qui s’est opérée, il y a un point sur lequel on ne peut pas être en désaccord : les changements survenus sont annonciateurs d’un changement plus serein dans la vie politique des Algériens. Tous ceux qui ont été éclaboussés par les scandales judiciaires, et même tous ceux qui ont été épargnés par la justice, à ce jour, ne seront certainement plus jamais remis sur selle. De ce fait, une nouvelle société politique, plus jeune, plus entreprenante, plus proche des classes populaires connait déjà les douleurs de l’enfantement. Sous nos yeux, se déroule la nouvelle carte de l’Algérie de demain.

La disparition des leaders politiques qui étaient les chefs de partis les plus présents sur la scène politiques depuis au moins dix ans, est le prodrome annonciateur de cette mutation. Avant que la Justice ne les rattrape, ils ont été déjà exclus de la vie du peuple. Le hirak a affiché dès le 22 février ses préférences ; mais aussi – et surtout, serions-nous tentés de dire – ses rejets.  La configuration de la carte politique traditionnelle a volé en éclats.

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