Le féminicide prend de l’ampleur: 39 femmes assassinées depuis le début de l’année en Algérie

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Le compte « Facebook Algerie Feminicides » a recensé jusqu’ici 39 féminicides pour la seule année 2020, une soixantaine en 2019 : «L’infâme meurtre de Chaïma Saadou s’ajoute à une longue liste de féminicides qui ne cesse de s’allonger devant le silence complice, la justification de la violence et l’absence de mesures réelles», a réagi le Collectif libre et indépendant des femmes de Bejaïa.

 Afin de «briser le silence», le collectif a manifesté jeudi dernier  à Bejaïa. L’élan de solidarité s’est étendu à d’autres villes, notamment à Oran, Constantine, Tizi-Ouzou. A Alger, le Collectif des femmes algériennes pour un changement pour l’égalité a organisé des rassemblements pour «dénoncer les crimes odieux de Chaïma, Ikram, Amira, Asma, Razika et des 38 femmes de l’année 2020.

« Nous avons perdu l’une des nôtres», c’est sous ce slogan que deux militantes féministes, Narimane Mouaci Bahi et Wiam Awres, recensent, depuis le début de l’année, le nombre de femmes victimes de la violence. Elles dressent ainsi patiemment le décompte régulier et macabre de toutes celles qui sont mortes sous les coups. Ce travail, selon Narimane et Wiam, « est nécessaire afin de prendre la mesure de ce qu’endurent certaines femmes en Algérie.

«  Nous sommes dans l’obligation de recenser les féminicides et de les diffuser pour que la société algérienne se rende compte de la gravité de la situation des femmes », note le collectif.

  Les femmes victimes de violences sont généralement enterrées dans l’indifférence. Et le chiffre de 39 féminicides, auquel elles sont parvenues en se basant sur des informations médiatiques parfois fragmentaires, est bien en deçà de la réalité.

«Ce chiffre représente les cas recensés après une recherche quotidienne dans les médias et sur les réseaux sociaux», expliquent-elles. Le chiffre réel est bien plus élevé et devrait être fourni par un dispositif institutionnel de recensement. Ce dispositif n’existe pas: «Il n’en demeure pas moins que 39 femmes tuées, ce sont 39 citoyennes que nous avons perdues. Ce sont des femmes qui avaient des vies, des rêves, une famille et des enfants parfois», constatent Narimane Mouaci Bahi et Wiam Awres.

 En mémoire de la victime, un message est largement partagé sur la toile : «Je suis Chaïma, j’ai été violée en 2016 et j’ai eu le courage de déposer plainte dans une société conservatrice. Je suis toujours Chaïma, on est en 2020 et j’ai été violée une nouvelle fois par le même violeur qui m’a poignardée et brûlée. « JeSuisChaïma».

 La mort de Chaïma a déclenché une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, où les internautes dénoncent un crime «crapuleux»  et réclament justice. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, la mère de la victime, s’adressant directement au président Abdelmadjid Tebboune, «réclame l’exécution du coupable».

 Le chef de l’Etat a pour sa part ordonné l’application des peines maximales, sans possibilité d’allègement ou de grâce, contre les auteurs de crimes d’enlèvement de personnes, «quels qu’en soient les tenants et aboutissant». Mais la peine de mort en Algérie a été interdite depuis 1992 date de la signature du moratoire interdisant toute exécution.

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