De Paris, Yazid Haddar
La Covid-19 a eu un impact considérable sur la vie des citoyens ici en France, en particulier ceux d’origine algérienne. Habitués d’être enterrés dans leur pays natal, de nombreuses familles algériennes sont mises à rude épreuve, ces jours-,ci avec les fermetures des frontières.
Depuis la première guerre mondiale, des villageois vivant en France s’organisaient sous formes associatives pour envoyer leurs morts à leur pays natal. Cet élan de solidarité est toujours d’actualité et il est toujours organisé sous forme associative. C’est le cas du village, Ait-Haffedh, dont les habitants se sont organisés ici en France afin de faciliter les enterrements de nos villageois et surtout d’alléger la prise en charge financière y afférente.
C’est une fierté pour chacun de nous. D’autres ont choisi des assurances vies qui leur permettent d’être enterré dans la dignité. Depuis la déclaration du Covid-19, les services consulaires, confie une fonctionnaire, sont débordés de demandes d’autorisation de rapatriement, cependant, les frontières aériennes sont toujours fermées.
La situation devient urgente, car les carrés musulmans sont déjà saturés. Ceci s’explique d’une part, par le manque de place et surtout par le manque d’anticipation, car la mort dans les pays capitalistes reste très coûteuse financièrement et d’autres part, parce que les obsèques restent jusqu’à aujourd’hui une question d’identité.
Les demandes d’être enterré à côté des siens (parents) au pays sont toujours d’actualité. La situation actuelle perturbe la culture de deuil, non pas uniquement au niveau du rituel mais aussi au niveau identitaire et d’apaisement psychologique.
Plusieurs organismes religieux musulmans ont alarmé les autorités publiques françaises afin de trouver une solution et surtout d’ouvrir des espaces dans les cimetières publics en augmentant le nombre de carrés musulmans, mais à ce jour, les demandes restent en instance.
Plusieurs titres de presse nationale (Le Monde, Libération) ont réservé des articles à ce sujet, mais qui sont restés malheureusement sans suite politique. De leur côté les pays d’Afrique du nord n’ont pas manifesté leur volonté auprès des autorités française pour exaucer la dernière volonté de leurs citoyens, celle d’être enterré dans leur pays de naissance à côté de leur parents et de leur ancêtres. En attendant, leurs familles ne peuvent même pas faire le deuil tant que les cercueils sont toujours en attente dans les morgues.