Les dernières offres et les démarches du pouvoir exécutif en vue de dépasser la crise ne semblent pas intéresser grand monde. La rue algérienne gronde toujours et tient mordicus à sa feuille de route initiale, résumée en deux mots laconiques et percutants «Yetnahaw Gâa ».
Avec cette 26e mobilisation hebdomadaire à travers le pays, les manifestants confirment que le Hirak n’est pas et ne sera pas sujet à l’essoufflement, comme l’ont prévu depuis le début de l’été, les promoteurs de la solution électorale. « Nous sommes en plein vacances d’été et en période de fêtes familiales, et les gens sont toujours là mobilisés. C’est un signe de très bonne santé du Hirak. Cette fois, ce n’est pas comme en 1988 ou en 2011, le peuple, n’acceptera pas, cette fois-ci, de se voir voler ou détourner sa révolution » souligne, à ce propos, un manifestant qui tire à l’occasion à boulets rouges sur ceux qui prédisent la mort lente du mouvement populaire.
Que ce soit à Alger, l’épicentre de la mobilisation nationale ou encore à Tizi-Ouzou, Bejaïa, Sétif, Annaba, Bordj Bou arréridj, Tissemsilt…. Ils sont des milliers de manifestants à battre le pavé de manière pacifique, à travers plusieurs villes du pays, pour hâter la naissance de la nouvelle Algérie qu’ils appellent de tous leurs vœux.
« Pour un état de droit, civil démocratique et social », « Non à un état militaire ou policier », « Pour la libération de tous les détenus d’opinion arrêtés lors du Hirak », « Pour une justice indépendante », « Pour le départ total du système », « Pas de dialogue avec les symboles du régime »,… les revendications soulevées à travers le territoire national, outre leur convergence d’en finir avec les symboles et les pratiques de l’ancien système, plaident en substance, pour la remise effective de la souveraineté nationale au peuple. Tous veulent préserver l’Algérie de dérapages dangereux, de sauts dans l’inconnu, de mauvaises aventures… mais pas au détriment du peuple et au profit d’une caste, comme cela s’est fait depuis 1962. C’est un fait qui mérite d’être pris très au sérieux, les Algériens ne veulent plus et n’accepteront jamais que leur pays soit dirigé par des cabinets noirs, ou mis, comme auparavant, sous la coupe d’une mafia politico-financière qui nomme et dégomme à sa guise les présidents et les ministres de la république.
Le pouvoir doit être remis réellement au peuple et tout responsable quelque qu’il soit qui s’acoquine avec des affairistes doit répondre devant la justice de ses actes. En tout cas, le test est réussi pour le Hirak en ce 26e acte de protestation. On constate qu’après six mois de mobilisation, le mouvement a gardé toute sa fraîcheur et son dynamisme.
Et tout porte à croire, au vu des appels récurrents à la désobéissance civile, même si cette dernière ne fait pas l’unanimité parmi les manifestants, l’on s’achemine à vivre une rentrée sociale très chaude. Les étudiants, certains syndicats autonomes…affûtent déjà leurs armes pour ce rendez-vous social, en vue de mettre plus de pression sur le pouvoir actuel et accélérer le dénouement de la crise qui n’a, faut-il le dire, que trop tarder.