Gel des avoirs de la fratrie Bouteflika en Suisse: Le gouvernement helvétique donne son accord

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Le président déchu Abdelaziz Bouteflika aime la Suisse, ce pays d’Europe qui affiche une neutralité politique mais qui demeure le pays le plus courtisé par les dictateurs, les oligarques et les hommes d’affaires véreux.

Réputé pour son dynamisme bancaire et financier, ce pays a un moment fait venir et protégé tous les homme d’affaires du monde entier poursuivis dans le cadre de l’enrichissement illégal. Ce pays est également réputé pour le blanchiment d’argent.

Les blanchisseurs, comme les investisseurs traditionnels, choisissent la Suisse davantage pour y déposer leur argent que pour le faire transiter. Au-delà des images d’une Suisse neutre et paisible, terre du chocolat, du fromage, de l’horlogerie, se cache un véritable prédateur de la finance mondiale.

La preuve est que le pays a géré à lui seul entre 4000 et 5000 milliards de USD de dépôts de capitaux, dont la moitié provenaient de l’étranger. Après avoir un certain temps refusé de répondre à une demande émanant d’un député suisse, le gouvernement fédéral suisse a réagi favorablement, par la voix du département des Affaires étrangères, à une demande de gel des avoirs du clan Bouteflika, déposée le 5 juin par le groupe socialiste suisse.

L’étau se resserre davantage autour du clan familial et politique de l’ex-président Bouteflika. L’ancien clan présidentiel, dont le véritable meneur était Saïd Bouteflika, arrêté et incarcéré début mai, aux côtés des généraux Athmane Tartag et Mohamed Mediene, alias «Toufik», il devra désormais rendre compte à la justice suisse pour «prévarication et accumulations d’avoirs illicites».

C’est en tout cas ce qui ressort de la sortie du chef du Département suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis: le gouvernement fédéral est «disposé à collaborer avec les autorités algériennes pour garantir le retour de l’argent pillé par le clan familial et politique de l’ex-président», a annoncé , le chef de la diplomatie suisse, en réponse aune demande déposée le 5 juin dernier par un député du parti socialiste suisse, Sommaruga Carlo.

 La plupart des scandales financiers qui remontent à la surface depuis que les oligarques ne sont plus en cour à Alger ont un prolongement en Suisse. Une partie de l’argent détourné y a transité avant d’être réinvestie ou transférée vers Dubaï.

Parmi les dossiers brûlants, il y a les possibles rebondissements dans les enquêtes sur les pots-de-vin versés par le groupe pétrolier Sonatrach. Sur la liste noire figure le nom de Rym Sellal, la fille de l’ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal, destinataire de versements illicites via une société offshore créée en 2004 aux îles Vierges britanniques par le cabinet Multi Group Finance installé à Lausanne.

Un secret jadis éventé dans le cadre de l’enquête sur les Panama Papers. La justice algérienne a désormais le feu vert pour en retracer tous les flux financiers. Limogé en 2015 par Abdelaziz Bouteflika pour avoir poussé un peu trop loin les investigations sur les malversations financières autour des contrats de Sonatrach, Belkacem Zeghmati vient de retrouver son poste de procureur général de la Cour d’Alger.

Les procédures lancées contre Rédha, Abdelkader, Karim et Noah Kouninef – qui sont nés et ont grandi en Suisse – sont parmi celles qui pourraient faire le plus de bruit dans les mois qui viennent. Cette richissime famille proche de l’ancien président Bouteflika aurait bénéficié de financements bancaires colossaux. Arrêtés et placés en détention, les quatre frères vont devoir rendre des comptes.

Là encore, les montages incriminés passent par la Suisse. Leur sœur, domiciliée dans le Canton de Vaud, a elle aussi reçu une convocation de la justice algérienne. Elle n’y a pas répondu. Les Kouninef sont loin d’être les derniers sur la liste des personnalités déchues qui pourraient faire l’objet d’une traque jusque sur les rives du Léman.

Deux noms reviennent, celui d’Abdelouahab Rahim à la tête de la holding Arcofina et d’Abdeslam Bouchouareb, ancien ministre de l’Industrie et des Mines.

La Confédération helvétique  s’est dotée d’une loi pour bloquer à titre préventif les avoirs des «potentats». Le président Bouteflika pourrait-il en être la première cible. La législation suisse offre au Conseil fédéral la possibilité d’intervenir indirectement dans la crise institutionnelle qui frappe l’Algérie, par le blocage des valeurs patrimoniales appartenant au président algérien et à son entourage, en application de la loi fédérale sur le blocage et la restitution des valeurs patrimoniales d’origine illicite de personnes politiquement exposées à l’étranger (LVP). Compte tenu des liens étroits qu’entretient le Bouteflika avec la Suisse, il n’est en effet pas exclu que lui-même ou ses proches jouissent aussi d’intérêts financiers au sein de cette place financière.

Or la loi sur les valeurs patrimoniales d’origine illicite (LVP) est entrée en vigueur le 1er juillet 2016, en réponse notamment aux événements du printemps arabe. A ce titre, la crise institutionnelle en Algérie pose la question de l’application de cette loi. Il s’agirait d’une situation inédite.

Le Conseil fédéral n’a pas encore eu l’occasion d’user du pouvoir conféré par ce texte légal. La LVP consacre notamment le blocage à titre préventif des avoirs appartenant à des «potentats». Il vise, selon le Conseil fédéral, «les dirigeants étrangers qui abusent de leur pouvoir pour s’approprier des valeurs patrimoniales par des actes de corruption ou d’autres crimes et les détourner ensuite vers des places financières étrangères».

La loi conditionne le blocage préventif de valeurs patrimoniales qui appartiennent grosso modo au chef de l’Etat, aux membres de son gouvernement, aux personnes exerçant des fonctions régaliennes au sein du pays concerné ainsi qu’à leurs proches.

Si cette prémisse est remplie, le blocage n’est admissible que si le gouvernement ou certains membres du gouvernement de l’Etat d’origine «ont perdu le pouvoir ou un changement de celui-ci apparaît inexorable»; si le degré de corruption dans l’Etat d’origine est notoirement élevé; si les valeurs patrimoniales proviennent vraisemblablement d’actes de corruption ou de gestion déloyale ou d’autres crimes; et enfin, si la «sauvegarde des intérêts de la Suisse exige le blocage de ces valeurs patrimoniales».

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