L’Algérie a-t-elle bien fait de geler le processus de son adhésion à l’OMC ?

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L’Algérie a-t-elle bien fait de geler le processus de son adhésion ou de tourner carrément le dos à l’Organisation mondiale de commerce (OMC) et ce depuis 2014, suite à la chute drastique des cours de pétrole ?

Tout porte à le croire même si certains s’élèvent ici et là pour défendre leurs intérêts mercantiles au nom de « la liberté du commerce entre les nations ». Le temps a finalement donné raison à l’Algérie, quoique en dise.

L’OMC est actuellement dans une grave tourmente, attaquée de l’intérieur par notamment son principal fondateur, les USA. La controverse déclenchée par le protectionnisme de Donald Trump sur l’acier inquiète désormais l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

 « On sait quand et comment cela commence, mais on ne sait pas ni comment ni quand cela se termine », s’est en effet inquiété le 12 mars dernier, Roberto Azevêdo, le directeur général de l’OMC. Soulignant qu’une escalade de « représailles réciproques » en matière commerciale est ensuite « difficile à inverser ». Roberto Azevêdo a confirmé, depuis Brasilia, où il rencontrait les responsables du gouvernent brésilien, que l’OMC n’a pour l’heure été saisie d’aucune plainte. Mais son inquiétude intervient alors que l’Europe, mise sous pression par Washington, hausse le ton et se dit prête à se défendre.

 Le vieux continent s’est insurgé en outre contre l’imposition des taxes américaines sur les produits européens. Bruxelles s’est aussi insurgé, pas directement certes, contre les injonctions américaines d’imposer des sanctions contre l’Iran et par ricochet contre toutes entreprises y compris européennes qui entretiendraient des relations économiques et commerciales avec Téhéran. Apparemment Bruxelles veut se défendre et se soustraire au dictat de l’Oncle Trump qui vient se retirer de l’accord multilatéral signé sur l’uranium iranien.

 La Chine réagit aussi contre les taxes américaines sur l’acier qui vont à l’encontre des dispositions de l’OMC et du libéralisme commercial. Mais elle a déclaré récemment qu’elle ne veut pas pour autant « une guerre commerciale avec les USA ». Or l’Algérie avait pris ses devants, certes malgré elle depuis presque 5 ans, en mettant fin aux négociations avec l’OMC qui ont failli mettre son économie à genoux, sous la dépendance des Cartels internationaux.

L’Algérie gèle unilatéralement le processus de son adhésion à l’OMC

 Finalement à toute chose, malheur est bon. Et vive la crise de l’or noir, semblent dire de nombreux experts en pétrole.  En effet la baisse drastique des cours de pétrole en 2014, à moins de 30 dollars le baril, a poussé en ce temps-là, le gouvernement de Sellal  à un revirement  économique à 180 degrés.

 L’Algérie arrête les négociations interminables avec l’OMC dominé par les Cartels qui voulaient avoir la main basse sur la politique énergétique algérienne.

 Les autorités algériennes avaient enfin compris les vrais enjeux politiques liés étroitement à la souveraineté nationale, en   rejetant les pressions d’où qu’elles viennent.


Lire plusL’Algérie, l’Accord avec l’Union européenne et les négociations avec l’OMC : avantages et contraintes


 L’ex directeur du commerce extérieur et ministre actuel du commerce, Said Djellab avait fait partie de la délégation des négociateurs qui ont tenu tête à la pression de cette organisation mondiale du commerce durant plusieurs rounds avec différents pays membres influents de l’OMC.

 Cette organisation voulait le démantèlement tarifaire total et sans conditions. C’est-à-dire livrer le marché national aux firmes internationales avec la bénédiction des importateurs algériens. Pour éviter le chaos économique, des experts ont même évoqué l’exemple tunisien, les opérateurs nationaux s’entendaient entre eux pour ne pas importer les produits qui sont fabriqués localement en Tunisie. Quelque part l’OMC a failli atteindre son objectif quand on sait que le marché algérien était devenu la poubelle de l’Occident alors que les produits nationaux trouvent des difficultés  à arracher une place sur les étalages des grandes surfaces inondés par les produits étrangers soutenus dans les pays d’origine et  frappés à moindres taxes douanières au niveau de nos frontières.

L’UGTA s’implique dans la défense de la production nationale

Il faut dire à ce propos que l’UGTA de Sidi Said avait joué le rôle de pionnier dans ce revirement en invoquant la protection de la production nationale et le patriotisme économique, contre vents et marrées.

 Les barons du commerce extérieur et du marché informel font barrage pour imposer leur dictat sur le marché algérien livré aux producteurs étrangers.

 Ces accusations ont claironné durant presque une quinzaine d’année, depuis notamment la signature de l’accord d’association avec l’Union européenne en 2001.

 Importations tous azimuts, y compris les produits de mauvaise qualité et de provenance inconnue. Cela rappelle étrangement la période des années 80 et les PAP (programmes anti-pénuries) sont visibles partout.

 Les Algériens faisaient la queue devant les souks el fellahs et autres galeries algériennes. Mais cela se comprenait peut-être à cette époque des pénuries de toutes sortes.

 Or aujourd’hui l’Algérie recèle une production nationale qui vaut ce qu’elle vaut mais les pressions sont encore là. Elles proviennent essentiellement de la part de l’Europe et de l’intérieur (les barons de l’importation) pour  faire fléchir le gouvernement sur la question de la liste des produits interdits à l’importation. Faut-il rappeler à ce propos que les USA qui sont les champions du libéralisme et du néolibéralisme pratiquaient des interdictions. Mais ils n’hésitent pas à protéger leur marché par l’interdiction de certains produits estrangers qui risquent de concurrencer sur leur marché les produits américains. Et ce au nom bien entendu des normes, des standards internationaux, de la qualité, l’étiquetage et de la traçabilité.

Et dernièrement les masques sont tombés. Trump dénonce officiellement le fonctionnement de l’OMC et le multilatéralisme.  Il impose des taxes unilatéralement sur l’acier et le textile importés. Et pourquoi alors l’Algérie qui n’est pas membre de l’OMC ne doit pas protéger son marché ?

Certains produits nationaux étaient pourtant concurrencés illicitement par des produits d’importation sur leur propre marché. On avait laissé faire pour rejoindre l’OMC. Et le comble, certaines voix algériennes se sont élevées contre cette liste de produits interdits à l’importation dont le but est de  permettre l’émergence de produits nationaux et garantir la diversification économique.  Deux poids deux mesures ? Naïveté ou course effrénée à l’enrichissement ?

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