L’économie américaine malade de ses dettes

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L’économie américaine est loin d’être « forte comme un boeuf » comme le pense Peter Navarro. Le boeuf souffre en fait d’une anémie bien précise.

Par Bill Bonner.

Hausse, baisse, hausse, baisse… Que faut-il en déduire ?

Les marchés boursiers sont dans le déni, luttent, ne sont pas tout à fait prêts à céder… pas tout à fait prêts à admettre que le marché haussier de 2009-2018 est terminé.

Bien entendu, il se peut que nous ayons tort. C’est souvent le cas. Mais vous êtes confronté à un gros risque : nous pourrions avoir raison.

L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE, FORTE COMME UN BŒUF ?

Nous avons d’ailleurs connu un pic de confiance hier lorsque nous avons vu qui se trouvait de l’autre côté de la table : l’un des plus grands crétins du monde financier.

Oui, nous parlons du conseiller au Commerce de la Maison Blanche, Peter Navarro. Voici ce qu’en disait le WonkBlog Analysis :

 Selon l’un des principaux conseillers de la Maison Blanche, Peter Navarro, le moment est bien choisi pour acheter des actions américaines. Lundi soir, après que le Dow a clôturé sur une baisse de plus de 450 points et un plongeon des technos, Navarro a encouragé les Américains à « acheter pendant les creux ».

« L’argent intelligent va certainement profiter du creux actuel pour acheter parce que l’économie est forte comme un bœuf’ », a dit Navarro sur CNBC.

« Le marché réagit d’une manière qui ne correspond pas à la vigueur, l’incroyable vigueur de l’économie du président Trump », a déclaré Navarro.

« Forte comme un bœuf », voilà qui semble positif. Mais cela ne décrit pas réellement l’économie américaine que nous voyons.

Une économie forte, c’est une économie où les gens gagnent plus d’argent, l’épargnent et l’investissent dans de nouvelles entreprises et de nouvelles activités, de manière à gagner encore plus.

Il ne se passe rien de tout ça actuellement.

Le taux d’épargne américain a récemment chuté à 2,5% – un de ses plus bas niveaux. Les dépenses de consommation sont étonnamment basses pour le troisième mois consécutif, les ménages ne pouvant plus ni emprunter ni gagner plus.

Les ventes finales – une jauge sans complaisance de la santé des consommateurs – ne croissent qu’au tiers de leur rythme durant les années 90.

Enfin, l’investissement réel dans de nouvelles usines et de nouveaux équipements est sur une pente baissière depuis 18 ans ; il est encore 28% inférieur à ce qu’il était à la fin du siècle dernier.

L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE, UN BŒUF MALADE

De nombreuses personnes, dont le président, semblent penser que nous vivons une sorte de boom. Sauf qu’il n’y en a pas la moindre preuve. Le taux de croissance du PIB US continue de ralentir et risque de passer en territoire négatif à tout moment.

En d’autres termes, nous commençons à avoir pitié du bœuf. Il a un sérieux problème de santé sur le long terme… et vous savez déjà ce que c’est, n’est-ce pas, cher lecteur ?

La pauvre bête doit perdre quelques kilos. Elle transporte 68 000 milliards de dollars de dettes. Elle lutte pour supporter tout ce poids supplémentaire alors que les autorités y ajoutent 100 milliards de dollars de plus chaque mois.

Le principal problème, avec cette hypothèse d’une économie « forte comme un bœuf », c’est que si elle était vraie, le conseil de M. Navarro – acheter durant les creux – pourrait être pire encore.

Le véritable danger, pour une économie aussi endettée, c’est la hausse des taux d’intérêt réels. Si (quand) les taux augmenteront, le malheureux bœuf verra son fardeau s’alourdir. Une simple augmentation d’1%, par exemple, ajoute 680 milliards de dollars aux frais annuels.

Si l’économie était vigoureuse, cela signifierait que les entreprises et les particuliers emprunteraient pour se développer, pour nourrir la croissance… et en profiter.

Mais la Fed a désormais changé de cap – le resserrement quantitatif plutôt que l’assouplissement quantitatif – et le crédit disponible pour le secteur privé se fait rare. C’est comme s’ils ne nourrissaient pas le bœuf tout en augmentant sa charge !

Sans la Fed pour ajouter des liquidités supplémentaires, les emprunteurs privés devront se battre avec les autorités pour mettre la main sur ce qu’ils trouvent. Naturellement, les taux d’intérêt vont grimper. Les actions vont chuter. Suite à quoi Navarro & co. pourront bien fouetter à tour de bras – le bœuf s’effondrera sur place.

Comme le résume l’économiste Richard Duncan :

La combinaison entre des déficits budgétaires de milliers de milliards de dollars par an et un resserrement quantitatif mettra la jauge de liquidités en territoire négatif record cette année. Cette année et l’année qui suit, la fuite de liquidités deviendra pire encore. Cela crée un environnement toxique pour les investisseurs. Seule une guerre commerciale pourrait empirer les choses.

Tiens, une guerre commerciale ? De qui est venue cette idée ? Du susmentionné Peter Navarro, bien entendu. Il faudrait vraiment que quelqu’un appelle la SPA.

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