Catalogne: les indépendantistes infligent un « revers » au pouvoir central à Madrid

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Les indépendantistes catalans ont reconquis la majorité au parlement régional à l’issue des élections municipales anticipées convoquées par Madrid, infligeant un sérieux revers au gouvernement central espagnol qui les avait destitués après leur tentative de sécession.

Les Catalans, qui ont battu avec près de 82% de votants le record historique de participation dans la région, ont accordé jeudi 47,6% des voix aux indépendantistes et près de 52% des suffrages aux partis défendant l’unité de l’Espagne.

La loi électorale catalane prévoit un système de pondération des voix qui avantage les provinces rurales, où les indépendantistes sont très implantés, d’où leur victoire en sièges au parlement régional.

Les trois partis indépendantistes obtiennent 70 élus sur 135, deux de moins qu’en 2015, semblant avoir atteint un plafond. Ils pourront donc gouverner s’ils arrivent à former une coalition.

Au sein des sécessionnistes, les Catalans ont placé en tête, avec 34 sièges, la liste « Ensemble pour la Catalogne » de l’adversaire numéro un du chef du gouvernement central Mariano Rajoy: Carles Puigdemont, président du gouvernement destitué par Madrid après la déclaration d’indépendance du 27 octobre en Catalogne.

« L’Etat espagnol a été vaincu », a proclamé Carles Puigdemont en exil à Bruxelles, dès la publication des résultats de ces élections anticipées.

Il a réussi son pari de remporter l’adhésion de la majorité des indépendantistes en se réfugiant en Belgique avec quatre de ses ministres pendant que le reste de son gouvernement, inculpé comme lui de rébellion et sédition, était incarcéré. Son ancien vice-président Oriol Junqueras est toujours en détention provisoire.

M. Puigdemont avait affirmé pendant la campagne qu’en cas de victoire il rétablirait le gouvernement destitué par Madrid le 27 octobre, quand le parlement régional a proclamé l’indépendance d’une République de Catalogne que personne n’a reconnue. Mais s’il revient en Espagne il sera arrêté.

Bien que député, il ne pourrait pas exercer ses fonctions depuis la prison, et si le nouveau parlement le choisissait comme président, il ne pourrait pas gouverner. Au total, parmi les nouveaux députés indépendantistes, trois sont en prison et cinq en exil.

M. Puigdemont pourrait annoncer ses intentions lors d’une conférence de presse à Bruxelles dans la journée.

« L’investiture d’un nouveau chef de gouvernement risque d’être un processus long et chaotique (et) le risque de nouvelles élections reste élevé », estime Antonio Barroso, analyste chez Teneo intelligence.

En effet, si aucun gouvernement n’est formé avant la fin mars, de nouvelles élections devront être convoqués dans les deux mois qui suivront.

Les séparatistes sont pourtant les seuls à pouvoir former un gouvernement. Inès Arrimadas, la tête de liste de Ciudadanos, a remporté un succès spectaculaire avec 1,1 million de voix. Son parti formé il y dix ans à peine pour lutter contre le nationalisme catalan sera le plus fort au parlement régional avec 37 sièges. Mais elle ne dispose pas d’alliés pour former un coalition de gouvernement.

De leur côté, les socialistes, opposés comme elle à l’indépendance n’ont que 17 sièges et le Parti Populaire de M. Rajoy s’est effondré, tombant à 3 sièges contre 11 aux dernières élections en 2015.

« Les partis nationalistes ne pourront plus jamais parler au nom de toute la Catalogne, car la Catalogne c’est nous tous », s’est écriée la députée de 36 ans, promettant de « continuer à lutter, y compris pour modifier une loi électorale qui donne plus de sièges à ceux qui ont moins de voix ».

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy ne s’est pas encore exprimé sur ce que le journal conservateur ABC a qualifié de « catastrophe électorale ». Il avait cependant prévenu avant le scrutin que le prochain gouvernement en Catalogne, quel qu’il soit, devrait respecter la loi. Une façon de dire qu’il n’hésiterait pas à recourir à nouveau à l’article 155 de la Constitution, utilisé pour la première fois pour destituer le gouvernement catalan et dissoudre le parlement.

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