Le « Washington Post » dévoile les raisons de l’engouement américain pour l’Algérie

Date:

Pour ceux qui pensent que la guerre froide entre Washington et Moscou fait partie du passé autant tout de suite qu’il leur faudrait vite revenir aux manuels géopolitiques les plus récents pour déchanter.

Dans sa rubrique « sécurité nationale », le Washington post dit que le Pentagone appelle à une nouvelle coopération avec l’Algérie pour contrer l’influence croissante de la Russie en Afrique.

 Le quotidien américain à grand tirage a rappelé que le secrétaire à la Défense Mark T. Esper venait de rencontrer les dirigeants algériens, effectuant une rare visite américaine de haut niveau dans ce pays d’Afrique du Nord, passant environ cinq heures à Alger ; rappelant aussi que le dernier secrétaire américain à la Défense à visiter l’Algérie, était Donald H. Rumsfeld en 2006, alors qu’en 2012, la secrétaire d’État Hillary Clinton a fait une brève escale avant d’effectuer un plus long séjour au Maroc, agaçant de ce fait les responsables d’Alger.

    Selon le « Washington post », les responsables du Pentagone disent voir dans cette rencontre « une ouverture pour élargir les liens de défense des États-Unis avec l’Algérie et, espèrent-ils, contrer l’influence croissante de la Russie à travers l’Afrique ».

   Car « bien qu’elle soit une puissance militaire régionale militaire significative, l’Algérie n’achète pratiquement aucun équipement militaire américain, faisant fi des conditions américaines sur les exportations d’armements. Le seul personnel américain du pays est celui de l’ambassade. Le pays n’invite pas les forces américaines à mener de grandes missions d’entraînement, comme le font d’autres nations régionales. (Le gouvernement algérien, qui a mené une guerre sanglante contre les extrémistes dans les années 1990, ne voit que peu d’avantages dans le type de formation antiterroriste que d’autres pays se sont empressés de recevoir de l’armée américaine, disent les analystes.) ».

Son partenaire de défense préféré est la Russie, à qui l’Algérie achète 85% de son armement. Les liens de défense de longue date de l’Algérie avec Moscou offrent un modèle pour ce que les responsables américains craignent de devenir la norme à travers l’Afrique, alors que la Russie propage des armes, des mercenaires et de l’argent dans des pays en marge de l’Europe et ailleurs ».

 « En Libye, comme en Syrie, ajoute le quotidien américain, les responsables américains affirment que les avions de combat et les mercenaires russes contribuent à alimenter un conflit civil prolongé. Des forces pour compte d’autrui employées par la société Wagner, liée au Kremlin, sont également apparues en Afrique subsaharienne, notamment en République centrafricaine et en Ouganda.

 « Moscou courtise également les alliés des États-Unis au Moyen-Orient, concluant des accords pour vendre des armes avancées à l’Arabie saoudite, à l’Égypte et à d’autres pays malgré les objections américaines.

 « L’expansion de la Russie intervient alors que le Pentagone s’efforce de se concentrer sur ce que les responsables considèrent comme la menace croissante de la Chine et, dans une moindre mesure, de la Russie. Alors que les dirigeants du Pentagone ont déclaré qu’ils pourraient réduire les forces en Afrique dans le cadre d’un remaniement des troupes associé à ce changement, ils se disent également préoccupés par le fait que la Russie et la Chine projettent leur puissance à travers le continent ».

  Dans des remarques la veille dans un cimetière militaire américain de la Tunisie voisine, où des milliers de soldats morts en Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale sont enterrés, Esper a souligné cette menace, affirmant que l’ordre international établi dans les décennies qui ont suivi ce combat était «sous la contrainte en cette ère de compétition de grande puissance.

 « Aujourd’hui, nos concurrents stratégiques, la Chine et la Russie, continuent d’intimider et de contraindre leurs voisins tout en étendant leur influence autoritaire dans le monde entier, y compris sur ce continent», a-t-il déclaré. «Le partenariat durable des États-Unis avec des pays partageant les mêmes idées – y compris ici en Afrique du Nord – est essentiel pour relever ces défis.»

   Selon le colonel Chris Karns, porte-parole du U.S. Africa Command, la Russie a considérablement augmenté les accords d’accès en Afrique et est le premier fournisseur d’armes de la région. Dans ce contexte, les responsables américains tentent de faire valoir que les dirigeants africains choisissent les partenariats américains plutôt que russes ou chinois pour la défense, affirmant qu’un armement et une formation américains supérieurs seraient un avantage, même s’ils sont assortis de plus de conditions, comme la vérification sous «surveillance de l’utilisation finale» ou règles relatives aux droits de l’homme.

Comme on le voit ; la guerre se poursuit sous d’autres formes, sur le continent africain. Mais qu’à cela ne tienne ! L’Algérie est appelée à tirer son épingle du jeu des stratégies des puissances et de s’en tenir à ses intérêts stratégiques du moment. Avoir les coudées franches et réinitialiser ses propositions sur le Mali et la Libye, contrecarrer les plans de guerre dans la région et renouer avec son rôle naturel d’acteur de premier plan de la triple région maghrébo-saharo-sahélienne sont des actions qui font son affaire et préservent ses intérêts à un moment où l’ « afghanisation » du Grand Sahara est un spectre tout prêt de devenir réel.

Share post:

Info en continu

Articles associés
Related

Engagement de l’Algérie à plaider pour le développement en Afrique

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a...

Le G3 est né à Carthage : Le Maghreb de l’action succède au Maghreb des slogans

L'acte de naissance de l'initiative tripartite algéro-tuniso-libyenne signe la...

Algérie-Qatar : première session des consultations politiques

Le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et...