Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a plaidé pour une réforme du système financier international et une participation plus équitable des pays en développement dans la gouvernance des institutions financières mondiales.
Dans une allocution lue en son nom par le Premier ministre, Nadir Larbaoui, lors de la 4e Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), mardi à Séville (Espagne), il a estimé que l’actuel système financier mondial « n’est plus adapté aux mutations majeures que connaît le monde aujourd’hui ».
Il a cité plusieurs facteurs qui aggravent les déséquilibres mondiaux : « le fossé de développement qui se creuse entre les pays », « le fardeau de la dette qui s’alourdit », « l’impact des retombées du changement climatique sur les économies de plusieurs pays » et « l’aggravation des conflits et des guerres, y compris ce qui se passe au Moyen-Orient, particulièrement en Palestine occupée et à Ghaza meurtrie, en proie à un génocide contre le peuple palestinien qui lutte pour l’établissement de son Etat indépendant avec El Qods pour capitale ».
Il a souligné que l’Afrique reste confrontée à des difficultés importantes en matière de financement du développement, avec une dette croissante et des conditions de financement désavantageuses. Selon lui, « les coûts du service de la dette et de ses intérêts […] sont cinq (05) fois supérieurs aux montants obtenus auprès des banques multilatérales de développement », ce qui « compromet l’efficacité de ses efforts de développement ». Il a aussi mentionné que la dette extérieure africaine dépasse aujourd’hui 1,15 trillion de dollars.
Dans ce contexte, le président a proposé le lancement « d’initiatives mondiales d’urgence pour traiter la problématique de la dette », notamment par « l’allègement du fardeau de la dette et l’exonération totale pour certains pays ».
Il a insisté sur la nécessité de réformer l’architecture financière mondiale pour que les pays en développement puissent « participer à la gouvernance des institutions financières mondiales ». Il a soutenu également « la création d’un cadre de travail onusien visant à remédier aux failles dans la structure de la dette », ainsi que la mise en place de « méthodes de notation plus transparentes et plus équitables », en saluant à ce titre la création d’« une agence de notation financière africaine indépendante ».
Appel à adopter des politiques plus souples et réalistes pour l’orientation des aides au développement
Sur la question de l’aide au développement, Abdelmadjid Tebboune a appelé à « l’adoption de politiques plus souples et réalistes », fondées « sur le partenariat et l’entente mutuelle », et non sur « des diktats et des conditions préalables ». Il a affirmé que « l’imposition de cadres réglementaires et de normes rigides aux pays bénéficiaires de l’aide au développement entrave la mise en œuvre de leurs projets prioritaires ».
Le président a souligné l’importance de renforcer « la coopération internationale pour le développement » à travers des mécanismes inclusifs tels que le « Forum sur le financement du développement » et le « Forum sur la coopération pour le développement ».
Concernant le rôle du secteur privé, il a estimé que « compter sur le secteur privé pour financer le développement ne sera pas suffisant », sans « un engagement international fort en faveur du renforcement des aides publiques au développement ». Il a salué l’engagement de certains pays développés à consacrer « 0,7 % de leur revenu national brut comme aide officielle au développement », qu’il qualifie d’« indicateur positif porteur d’espoir et de crédibilité ».
Le président a aussi souligné l’importance de la lutte contre les « activités financières illicites », la suppression « des paradis fiscaux » et la réduction des flux financiers non déclarés.
Enfin, il a rappelé que l’Algérie a toujours fait du développement durable et de la solidarité des priorités dans sa politique étrangère, citant sa contribution au financement de projets africains via l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement. À ce titre, « pas moins d’un (1) milliard de dollars » ont été consacrés à des projets dans les domaines de l’infrastructure, de la santé, de l’éducation et de l’énergie.
Il a conclu en affirmant que « le bien-être commun est désormais une exigence fondamentale », qui passe par la réduction des inégalités et la mise en place d’un environnement international adapté aux crises actuelles.