Le lourd bilan des féminicides en Algérie

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La violence contre les femmes en Algérie a atteint des proportions alarmantes au cours des dernières années, avec un triste bilan de 228 féminicides enregistrés entre 2019 et 2022, et depuis le 1er janvier 2023, 33 femmes ont été tuées, selon un rapport dévoilé samedi par Wiame Awres, l’auteure du document de référence de plus de 70 pages. Les chiffres révèlent un tableau sombre de violences persistantes et soulignent la nécessité d’une action urgente pour protéger les femmes.

Le rapport, élaboré dans le cadre du projet « Féminicides Algérie », met en lumière la complexité de ce phénomène dévastateur. Une analyse des données recueillies entre 2020 et 2022, avec un retour sur les cas de 2019, indique que 51% des féminicides sont perpétrés par le partenaire ou l’ex-partenaire des victimes, 37% par des membres de la famille, et 12% par des connaissances ou des personnes inconnues. Ces actes tragiques surviennent fréquemment après des années de violences, de menaces, et parfois même de tentatives de féminicide.

Un élément frappant révélé par le rapport est que 71% de ces meurtres ont lieu dans des espaces clos, principalement au domicile conjugal ou familial. Les armes, notamment les couteaux et les armes à feu, sont utilisées dans 65% des cas. Les victimes, touchant toutes les tranches d’âge de 5 à 85 ans, soulignent la diversité des femmes exposées à ce fléau.

Wiame Awres, lors d’une conférence de presse au siège du Réseau Wassila, a expliqué que ce rapport marque les trois premières années d’études de Féminicides Algérie. Il offre une analyse des mobiles des meurtres et du déroulement de certains procès, mettant en évidence les mécanismes des féminicides en Algérie. Le rapport, bien que préliminaire, sert de base pour comprendre les données quantitatives et propose des pistes de réflexion sur les mesures à prendre pour prévenir ces atrocités.

Parmi les faits révélateurs, le rapport, repris par des médias nationaux dont le quotidien El Watan, souligne que la tranche d’âge la plus touchée est celle des femmes de 30 à 39 ans (25%), suivie par celles de 20 à 29 ans et celles de plus de 60 ans (16%). Les liens entre l’assassin et la victime varient selon l’âge, avec des cas alarmants d’assassinats de mineures par des proches. Selon le rapport, sur les 16 victimes mineures, 9 d’entre elles ont été assassinées par leur père, 2 par leur frère, une par l’oncle.

La même source précise également au sujet des 40 femmes de plus de 60 ans, 17 d’entre elles ont été assassinées par leurs fils, 8 par leurs conjoints, les autres assassins sont issus de la belle-famille ou encore des voisins qui prennent pour cible une femme âgée, considérée comme vulnérable, pour vol de biens. 

Le rapport met également en lumière une disparité régionale, avec Alger en tête du nombre de féminicides (21 cas entre 2019 et 2022), suivie d’Oran (18 cas), Batna (15 cas), Sétif et Skikda (13 et 12 cas respectivement). Les régions sahariennes enregistrent moins de cas, attribuables à la faible densité de population et à la difficulté d’accès à l’information.

Wiame Awres souligne la nécessité d’un accès accru aux données de la médecine légale, de la Gendarmerie et de la Sûreté nationale pour obtenir des chiffres plus précis, car elle estime que les chiffres réels sont probablement plus élevés que ceux rapportés.

Le rapport met également en évidence les motifs des crimes, souvent liés à des questions d’héritage, d’honneur, d’adultère, de séparation, de disputes familiales, et même de troubles mentaux. Entre 2019 et 2022, 24 244 plaintes pour violences ont été déposées par les femmes à la DGSN, couvrant diverses formes de violences, y compris physiques, sexuelles, et homicides.

Wiame Awres insiste sur la nécessité d’une « réelle volonté politique » et d’une « stratégie nationale » pour lutter contre les violences infligées aux femmes. Elle souligne que la normalisation de la violence doit cesser, et que des mesures doivent être instaurées pour promouvoir une société plus égalitaire. Une prise de conscience collective et des actions concertées sont essentielles pour mettre fin à ce fléau et protéger les femmes algériennes.

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