Contrairement à l’opinion bien ancrée énonçant que les villages lauréats de prix de propreté retombent rapidement dans leurs anciennes pratiques aux lendemains des concours, Aguemoune Nath Amar résiste et tient à son standing de village propre attirant touristes et visiteurs de tous les coins d’Algérie et d’ailleurs.
En ce mois d’août où le soleil continue de lancer ses flèches incandescentes forçant les gens à s’abriter dans des endroits à air conditionné ou des espaces ombragés, le village d’Aguemoune épargné par les derniers incendies affiche ses agréments et son animation marquée notamment par l’organisation d’un tournoi de football.
Dans notre récente virée à travers ses quartiers accompagnés par les responsables de l’association touristique et culturelle du village, nous avons constaté que les ruelles étaient propres et toujours embellies ici et là de pots de fleurs accrochés aux murs ou posés à même le sol devant le seuil des habitations.
Ce qui indique que la dynamique qui a porté le village au podium du concours des villages et quartiers les plus propres est toujours présente même si elle n’est pas aussi encadrée et enthousiasmée qu’en ses débuts.
UN PRIX TOUJOURS EN ATTENTE…
Pour rappel, sur les 109 villages et 14 quartiers qui ont pris part à la première édition du concours des villages et quartiers les plus propres organisée en 2020 par l’APW de Béjaia et dédié au défunt artiste Djamel Allam, 12 concurrents ont été primés et se sont vus offerts des chèques allant de 800 000 dinars à 5000 0000 dinars. Classé premier, Aguemoune Nath Amar s’est vu attribué un chèque de 5000000 dinars.
Mais trois années après, le village n’a pas encore vu ce prix concrétisé sur le terrain. Après les péripéties foncières qu’a connues le premier projet devant être réalisé dans ce sens pour le village, il était question de traduire ce prix par l’aménagement, l’extension et la finalisation de la placette publique réalisée par volontariat par les villageois avec l’assistance de la collectivité locale.
Mais à ce jour, ce projet n’a pas démarré ce qui fait dire à un citoyen du village que le prix décroché par le village a perdu de sa valeur vu les dévaluations ayant touché durant ces trois dernières années la monnaie nationale.
Un projet qu’on peut réaliser en 2020 avec 5000000 dinars, n’est pas réalisable en 2023, encore moins en 2024, avec la même somme.
VERS UN RETOUR AVEC LES DYNAMIQUES D’ANTAN
A coté des incendies, du Niger, des Brics et des prix inaccessibles des fruits de saison, l’organisation du village, le mouvement associatif et le retour au travail collectif font partie des sujets qui se taillent la part du lion dans les discussions et échanges entre citoyens. Il apparait une ferme volonté à redémarrer la machine associative qui est pour l’instant végétative.
« Plusieurs acteurs et animateurs associatifs ont émigré sous d’autres cieux, ce qui a donné un coup de frein aux activités associatives, mais on tente du mieux qu’on peut pour maintenir un certain rythme de travail en attendant le retour aux dynamiques de fond qui ont fait de notre village une des destinations touristiques les plus prisées au niveau de notre wilaya. » déclare à l’Express, Belkacem Moussoum, le président de l’association touristique et culturelle.
« Nous tentons d’insuffler une nouvelle dynamique au mouvement associatif du village, ce n’est pas chose facile vu les creux de vague que nous avons subi depuis le déclenchement de la pandémie du Covid 19, mais nous gardons espoir de voir redémarrer la machine associative pour engager d’autres projets d’utilité publique au profit de notre village » déclare de son côté Amar Farid, un autre membre dirigeant de ladite association.
Si la préservation de ce qui a été fait dans les années bénies de la mobilisation générale, est là, visible pour tous, il n’en demeure pas moins que beaucoup reste à faire et qu’il faudrait une nouvelle dynamique collective pour ce faire. Si le milieu du village présente un aspect avenant avec son long bassin datant des années cinquante et avec tous les aménagements et liftings opérés sur les lieux ; si certains quartiers élargis et fleuris, dont les murs sont badigeonnés de dessins et de vives couleurs et dont les ruelles sont pavés en pierres noires naturelles respirent la propreté et l’harmonie, ce n’est pas le cas de certains quartiers du village qui attendent toujours leur travaux d’aménagement. Il en est de même pour la question de la gestion des ordures qui a été au centre des préoccupations de la communauté villageoise mais qui n’a pas connu aucune avancée.
Il était question de récupération, de tri, de recyclage… mais le projet est resté à l’état embryonnaire. Et le vœu des citoyens est de voir ce projet productif et anti-polluant se concrétiser dans les années à venir. Malgré les difficultés de toutes sortes Aguemoune Nath Amar tente de maitnenir le cap et de garder ses traditions de travail collectif.
