« El Besta », le nouveau phénomène populaire du raï

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Explorant une période charnière de l’évolution de la musique raï, armé d’accordéon, de guitares et d’une voix évoquant aux nostalgiques des monuments du genre comme Boutaïba Sghir qui a marqué le raï de sa puissante voix ou encore le regretté Ahmed Zergui et son timbre mélancolique, le jeune groupe « El Besta » évolue à la croisée des chemins entre le texte mélancolique et l’évolution musicale des années 1980.

Dans un concept des plus convivial, développé longuement et minutieusement dans devant un public restreint et une mise en scène épurée sans prétention aucune, « El Besta » installe son salon dans de petites scènes oranaises pour inviter son public de plus en plus nombreux à intégrer cet univers créatif qui replonge au moment où le raï avait commencé à se nourrir de la guitare de Ahmed Zergui, de la trompette de Messaoud Bellemou et d’autres instruments comme la batterie, le saxophone, le clavier et l’accordéon.

Très remarqué lors de sa dernière prestation au Festival national de la chanson raï, tenu à Oran du 10 au 14 juillet, où il avait drainé un très grand nombre de fans au Théâtre de verdure Hasni Chekroun, ou encore lors de ces récents passages à Alger, le groupe « El Besta », avec la voix et l’accordéon de Sofiane Merabet, invite son public à découvrir ou redécouvrir « ce qu’est la chanson raï et comment la vivre ».

Scène intimiste, inspirées des soirées populaires où le verbe chantait les complaintes de l’amour dans un cocon de liberté, instrumentation recherchée dans les premiers balbutiements d’un raï moderne, décors épurés et public connaisseur, suffisent pour que les soirées du groupe attisent la curiosité des mélomanes.

Kiss Laredj (chant et accordéon), Abdelhadi Benahmed au Guellal originel, et Abed Toumi comme première touche d’universalité à la basse, ont porté ce projet, avec la bienveillance du manager et cinéaste Walid Cheikh et la minutie de l’ingénieur du son Mohamed Ayachi, depuis les rivages de Mostaganem, ville natale des membres du groupe, jusque-là où le raï se fait, à Oran, puis à Alger et dans les coeurs de milliers de fans à travers la toile.

Son succès, El Besta le doit à l’authenticité de son produit qui a très vite trouvé preneur grâce à quelques vidéos, enregistrées lors d’un live à Oran, et publiées sur les réseaux sociaux. La passion débordante de ces artistes pour le raï et une certaine musique, le générosité et l’interaction spontanée avec le public ont fait que leurs spectacles affichent inévitablement complet à chaque prestation.

L’aventure El Besta, avait débuté par une improvisation, sur les quais du port de Mostaganem, entre Walid Cheikh, Kiss Laredj, qui s’était longtemps éloigné de la scène, et Sofiane Merabet, autour d’un accordéon vétuste et rafistolé.

Entre les filets et les embarcations de pêche, d’autres musiciens, tous bien imprégnés de la musique et de la culture raï, rejoignent ce projet qui a pour objectif premier de recréer la « Besta » et partager ce beau terroir avec le public. Le projet avait également pris forme pour pousser le doyen du groupe, Laredj, a remonter sur scène et faire connaître son art, explique le manager du groupe.

Après une première scène à Oran, à la fin de l’année 2022, et quelques petits concerts, le groupe commence à attirer de nombreux fans, mais aussi d’anciens musiciens et professionnels du spectacle, venus partager leurs expériences.    

Aujourd’hui, après leur succès au dernier Festival du raï à Oran, le groupe, qui se consacre pour le moment uniquement à la scène, ambitionne de faire profiter le plus grand nombre de fans de leur musique et de diffuser plus largement leur vision de ce patrimoine immatériel de l’humanité, à travers de grandes scènes qui pourront satisfaire leur public et servir de porte-voix à leur art.

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