C’est certainement un des « projets-fantômes » les moins connus de la période de la « Planète Bouteflika ». Sur le long rapport d’évaluation de l’avant-projet de loi de règlement du budget de l’année 2018 (85 pages !) que la Cour des comptes vient de remettre à la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale aux fins d’enrichissement et de discussion, on peut y lire beaucoup de choses, des mauvaises, surtout. Dont certaines, tout en donnant des coups douloureux à l’économie nationale par le préjudice qu’elles font subir au Trésor public, renseignent sur le niveau de gabegie qui régnait à la Présidence, à l’ombre d’un président-grabataire mis en sous-visibilité et d’un frère-conseiller mis en hyper-visibilité.
Ainsi, des sommes colossales ont été dilapidés dans le projet (jamais fini) lié à la rénovation et la décoration de la résidence présidentielle, à laquelle la somme de 247 milliards a été allouées. Ce n’est pas cette somme entière qui a été « consommé », mais plusieurs tranches, avec notamment une première à hauteur de 10 milliards de dinars et une seconde à hauteur de 5 milliards de dinars, avant que le projet ne soit momentanément suspendu.
Les inspecteurs de la Cour des comptes, lorsqu’ils ont traité de la question liée au manque de rigueur concernant cet édifice de la Présidence de la République, ont constaté dans la réalisation des opérations de traitement et les délais impartis beaucoup de dysfonctionnements ; ainsi, 64 opérations de traitement avec licences de programmes avaient été enregistrées, mais que moins d’un quart de ces opérations n’a pas suivi été d’un processus de contrôle rigoureux dans la mise en œuvre, même si certains projets remontent à 2007.