Pourquoi l’Algérie ne prend pas au sérieux le mégaprojet du gazoduc Nigéria-Maroc

Date:

Annoncé depuis plus d’une année par le Nigéria et le Maroc comme l’un des plus grands projets gaziers du continent, et qui bien sûr, se fera au détriment des intérêts de l’Algérie, le projet prévoie la mise en œuvre d’une gigantesque extension d’un gazoduc ouest-africain pour s’étendre vers l’Europe.

Le gazoduc, long d’environ 5.700 kilomètres (km), devrait relier le Nigéria au Maroc. Le pipeline a pour ambition de placer le gaz nigérian sur les marchés européens. Ce gazoduc s’inscrivait aussi dans la politique marocaine vis-à-vis de la diplomatie ouest-africaine, puisqu’il impliquerait la plupart des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.

Cependant, le projet de gazoduc Maroc-Nigéria s’avère être « irréalisable » selon l’expert des marchés pétroliers, Noureddine Legheliel, et, plus, il semble relever plus d’une lutte informationnelle que d’un quelconque projet économique sérieux.

Le Nigeria passe pour être un gros producteur d’énergie. Sa production, en 2018, a été de 98,4 Mt (millions de tonnes) de pétrole, et se classe au 12e rang mondial avec 2,2 % de la production mondiale. Le secteur de l’énergie au Nigeria est marqué par le poids dominant de l’industrie pétrolière et gazière qui apporte 75 % des recettes du budget national et 95 % des revenus d’exportation.

Son allié dans le projet, le Maroc, n’est pas un pays pétrolier qui compte, et face à son voisin de l’est, l’Algérie, c’est un nain pétrolier et gazier. Son importance dans ce projet réside dans sa proximité avec l’Europe et sa quasi-contiguïté à l’Espagne. Les pipe-lines du projet devaient passer du Nigeria par le Maroc avant d’aboutir en Espagne.   

Depuis une année et demie, le Maroc fait la promotion de ce projet, mais il s’avère finalement qu’il s’agit plus d’une guerre informationnelle. On sait tous, les documents Wikileaks le prouvent, que le Maroc a payé cash journalistes, parlementaires et eurodéputés pour appuyer ses projets politiques et économiques et redorer son blason.

Ainsi on pouvait lire l’extase de la journaliste Julie Chaudier qui s’émerveillait sur « Afrique Magazine » : « Avec plus de 5 500 km offshore et onshore, ce serait l’un des plus longs pipelines du monde. Il relierait l’un des principaux pays producteurs de gaz du continent à un royaume chérifien en demande d’énergie et d’intégration régionale. Le projet est magnifique. Et les multiples obstacles à sa réalisation, économiques, financiers, sécuritaires, tout aussi impressionnants… »

Pour l’expert international des marchés pétroliers, « le projet est irréalisable parce que simplement les chiffres ne plaident pas en leur faveur : son coût, 20 milliards de dollars, est faramineux alors que les deux pays sont lourdement endettés, le PIB du Maroc est 118 milliards de dollars, de plus le Nigeria se trouve dans une situation de crise politico-financière aigüe… »

Alors qu’en est-il exactement ? Pour Legheliel, « c’est plutôt le Maroc avec son puissant appareil de propagande anti-algérienne qui est derrière cette information qui s’apparente à de l’intox… »

L’avis autorisé de l’expert algérien basé à Stockholm, en Suède, est d’autant plus justifié que le magazine en ligne spécialisé dans les sujets stratégiques, « info-guerre », rapportait de son coté, il n’y a pas longtemps, que l’agence américaine de notation internationale Fitch Solutions a rendu public un rapport remettant en cause la pertinence du projet de gazoduc maroco-nigérian à cause des complications soulevées par le nombre de pays impliqués et de leur législation en vigueur. De nombreuses difficultés seront à surmonter lors de la mise en place d’un cadre politique, juridique, technique et financier global entre les quatorze pays, ainsi que la présence sur le marché européen déjà très concurrentiel de la Russie, de la Norvège et de l’Algérie ».

Voilà qui va clouer le bec, si l’on peut s’exprimer de la sorte, à beaucoup de pseudo-experts qui continuent à présenter le projet comme un épouvantail face au gaz algérien…

Share post:

Info en continu

Articles associés
Related

Début des travaux de la 1ère Réunion consultative entre les dirigeants de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye

Les travaux de la 1ère Réunion consultative regroupant le...

Le président Tebboune réaffirme le soutien constant de l’Algérie à la Tunisie

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a...

Réunion consultative Algérie-Tunisie-Libye : arrivée du président Tebboune à Tunis

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, est...