Exclusif/Noureddine Legheliel à l’Express DZ: « un baril à 50 dollars envisageable avant la fin de l’année »

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le baril « trainait » à moins de 10 dollars, l’expert en économie Noureddine Legheliel, résidant à Stockholm, en Suède, s’exprimait à contre-courant du pessimisme ambiant pour signifier qu’il était erroné d’affirmer que le pétrole était mort, et prévoyait une remontée rapide à 30 dollars. Ce qui arriva rapidement. En fin mai, il fixait » un baril à plus de 30, et cela se produisit aussi. Maintenant, dans cet entretien accordé à l’Express DZ en exclusivité, il envisage une remontée à 50 dollars avant la fin de l’année, et déjà on constate que la remontée maintient une courbe ascendante.

Pourtant il ne s’agit pas de « prophéties » à la Nostradamus ; il s’agit plutôt d’études basées sur une rigoureuse mathématique qui intègre plus d’une vingtaine de critères pour aboutir à une prévision proche des réalités méconnues du monde pétrolier. Le marché pétrolier n’est pas uniquement le fait de l’offre et de la demande, mais d’une foultitude de paramètres endogènes et exogènes à l’univers pétrolier, dont la politique, les crises, l’état de pré-guerre, les nominations de « faucons » ou de « colombes » à des postes de commandement, les spéculations des courtiers, les saisons, les stocks, les élections, etc. autant de paramètres qui déterminent, en sous-sol, la fixation du prix du baril sur les marchés pétroliers.

Le prix du baril remonte à plus de 40 dollars, et c’est une bonne nouvelle pour l’Algérie. Peut-on espérer plus ?

Noureddine Legheliel : De toute évidence, oui. On peut légitimement prévoir un baril à 45 ou même 50 dollars prochainement, disons avant la fin de l’année. Le baril à moins de 30 dollars c’est de l’histoire ancienne, et on n’est pas prêt de revivre cette situation chaotique. Après la récession qui a caractérisé l’économie mondiale suite au Covid-19, il faut s’attendre à une relance de la machine de production, l’ouverture des marchés et les approvisionnements en hydrocarbures, après la consommation des stocks…

Le marché pétrolier semble imprévisible, intempestif, et ne donne pas l’air d’obéir à une logique mathématique…

Ah, que non ! C’est tout le contraire qui est vrai. Le marché pétrolier possède ses mécanismes, son « comportement » et sa logique dans le prévisionnel des experts du marché. Souvent, je souris, lorsque je lis des comptes rendus de presse élaborés par des pseudo-experts en marchés pétroliers, et qui avancent des thèses farfelues et n’ayant aucune mesure de vraisemblance. Le marché pétrolier n’est pas que la loi de l’offre et de la demande. Cette analyse est celle des novices, des « bleus » en études des marchés. Le marché possède son propre calcul et sa logique mathématique. Nous, nous appelons cette logique : « philosophie du marché ». Elle s’appuie sur des fondamentaux qui sont les véritables règles du marché.

Vous allez être édifiés si je vous dis que le marché pétrolier est souvent impacté par les fluctuations de la Bourse. Les spéculateurs et les détenteurs de capitaux dans le marché pétrolier considèrent que le pétrole est action ; et ce type d’actions se vend et s’achète selon les transformations contextuelles du marché pétrolier. Ainsi, les spéculateurs achètent en gros contrats sur le long terme quand les actions sont à la baisse ; ainsi, ils revendent, à la hausse, et pour leur propre profit, lorsque les actions atteignent des prix élevées. Par conséquent, la spéculation pétrolière ressemble à la spéculation boursière, impactant fortement sur les prix du baril sur les marchés pétroliers.

Que peut faire l’Algérie dans ces cas afin de se prémunir contre les mauvaises surprises et pour vendre son gaz et son pétrole à des prix rentables pour elle ?

Je dirais que premièrement, il est temps pour l’Algérie de commencer planifier une politique cohérente sur le long terme et à réfléchir à donner à son gaz ses titres de noblesses, car son gaz est compétitif et demeure plus rentable pour les pays européens que le gaz américain, celui-ci étant cédé à l’Europe à des prix exorbitants. Le prix américain correspond aux diverses étapes de son raffinage, puis de son transport par gros méthaniers à travers l’Atlantique, avant d’être une nouvelle fois liquéfié en Europe, pour sêtre « consommable ». Toutes ces étapes en augmentent le prix de revient. Pendant ce temps, le gaz algérien, hormis la proximité avec l’Europe, passe par les pipe-lines, et c’est autant de temps que d’espace réduits.

Le gaz algérien qui passe par les pipe-lines à travers la Méditerranée est facile à transporter et peu coûteux, tout en faisant gagner aux deux parties temps et moyens. C’est une aubaine pour l’Algérie face à une Europe qui se prépare à en acheter en gros stocks pour se prémunir de la prochaine saison hivernale.

Vous semblez extrêmement optimiste…

Oui, je le suis, par rapport à ce que j’ai dit, et par rapport à ce que je sais. Donc, attendez-vous à une augmentation des prix qui va allez allègrement avoisiner des seuils plus ou moins acceptables.

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