Lancées en 2012 dans le sillage du « printemps arabe », les chaînes de télévisons privées algériennes sont entrain de vivre leur période automnale. La nouvelle configuration politique du pays les met en demeure d’en finir avec l’anarchie réglementaire et financière où elles ont évoluées depuis leur création.
La loi sur l’ouverture de l’activité audiovisuelle au privé adoptée dans la précipitation en 2012, sans fixer des règles claires pour assurer la transparence dans le financement de cette activité a permis à ces chaînes de commettre divers dépassements aussi bien au plan déontologique et éthique qu’en termes de circulations des fonds.
Des TV privées très proches des cercles du pouvoir de l’ère Bouteflika accumulaient des infractions diverses sans être inquiétées le moins du monde. Amassant à la pelle de l’argent de la publicité étatique et privée, ces télévisions se sont arrogées en véritables leaders d’opinion au point que la Télévision publique s’est plainte à plusieurs reprises de leurs activités contraires à l’éthique journalistique.
Outre des transferts illicites d’argent à l’étranger, ces télévisions privées engagées à fond dans les luttes du sérail, tiraient sur toutes les cibles montrées du doigt par la « bande » de l’époque. Combien sont –ils, ces hommes politiques, ces industriels, ces artistes, ces sportifs qui ont subi à leur corps défendant les foudres de ces télévisons qui montaient des buchers à tout vent pour tous ceux qui osaient élever la voix contre la corruption et autres injustices.
Bras médiatiques de la « Issaba », ces télévisions sensées éduquer, cultiver et divertir le peuple, ne faisaient que le maintenir dans la sous-culture et l’abrutissement. Au lieu de promouvoir la science, la technologie et la modernité, elles faisaient la promotion de la « chaâwadha », du discours religieux extrémiste et des atteintes à la vie privée des personnes. Dans son sursaut révolutionnaire le 22 février 2019, le peuple algérien a, d’ailleurs, pointé du doigt ces télévisions cataloguées d’instruments de propagande et d’abêtissement.
Le ménage que veut faire, ces jours-ci, dans ce cadre, le ministre la communication est une question de salubrité publique. En effet, des sources proches du dossier affirment à l’Express DZ en exclusivité, que toutes les télévisions privées algériennes seront incessamment fermées, le temps qu’elles régularisent sur de nouvelles bases réglementaires leurs situations.
Leur nouvelle accréditation se fera selon un cahier des charges plus précis, en tant que chaînes algériennes diffusant depuis l’Algérie et non de l’étranger. Désormais , elles ne seront plus des moyens entre les mains des hommes forts du moment, mais des moyens pour renforcer la liberté de la presse audiovisuelle, des canaux pour diffuser de vraies et utiles informations, des espaces de débat d’idées et d’opinion dans le respect de la dignité, des libertés et droits d’autrui et des valeurs du peuple algérien.
Vivement ce grand coup de balai pour nettoyer ces écuries d’Augias qui ont pollué, une décennie durant l’espace audiovisuel algérien et en discréditant une profession qui a donné un lourd tribut pour gagner le respect de toute la planète.
