Dans un entretien accordé à El Khabar, Belhimer revient sur l’arrestation de journalistes et s’engage à assainir le secteur

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Le ministre de la Communication, Porte-parole du Gouvernement, Ammar Belhimer a affirmé mercredi que l’application de la loi de l’offre et la demande en matière de distribution de la publicité publique requiert d’abord un assainissement du secteur, après des années de corruption ayant favorisé la dilapidation des deniers publics par des « forces externes à l’Information et des clans politiques ».

« Avant l’application stricte de la loi de l’offre et la demande, il faudrait passer par une période de transition permettant de réhabiliter et assainir le secteur de la publicité publique », a souligné le ministre dans une entrevue accordée au quotidien « El Khabar », parue dans son édition d’aujourd’hui, au sujet des délais de satisfaction des « revendications des professionnels de la presse relatives à la libération de la publicité publique et institutionnelle ».

Pour M. Belhimer cet assainissement s’impose par « l’ampleur de la corruption qui a gangréné les structures de ce secteur et facilité la dilapidation des deniers publics par des forces externes à l’Information, des clans politiques et des hordes de puissances diaboliques agissant dans l’ombre et qui tiraient les ficelles au sein même de l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP) ».

Cette situation qui a perduré des années et des années a favorisé l’apparition de réseaux d’influence et d’allégeance « ayant infiltré les rouages de l’administration, de la presse et des centres de décisions, à tous les niveaux », a-t-il expliqué. C’est pourquoi a été initié une « large opération d’assainissement et de profonde restructuration » de l’ANEP à la faveur de l’installation d’un staff « solide et cohérent » pour mener à bien la mission de « transformer l’Agence de simple boite de distribution de la rente publicitaire en entreprise innovante et créatrice d’emploi et de richesse », a-t-il poursuivi.

Plus précis, M. Belhimer a fait savoir que la publicité publique représentait 65% du marché publicitaire global et que c’est là, un soutien indirect à la presse algérienne, tant publique que privée.

L’Etat, « ne fait pas de différence entre la presse », d’autant que ce soutien s’inscrit dans le cadre de la préservation des postes d’emploi et du pluralisme médiatique, a-t-il dit, évoquant, à ce propos, le rôle de l’Etat dans la distribution de la publicité, notamment au profit des entreprises vulnérables de la presse écrite.

En cette conjoncture caractérisée par la complexité et la disette financière, le rôle de l’Etat se veut « un facteur de stabilité, d’équilibre et de protection » des petites entreprises représentées par la presse écrite nationale, vouées à la disparition en l’absence d’un minimum de la publicité publique, a-t-il estimé.

Pour le Porte-parole du Gouvernement, la libération de la publicité dans cette période difficile que traverse le pays à cause de la pandémie Covid-19 et du marasme du marché des hydrocarbures constituera « le coup de grâce pour la quasi-totalité des entreprises médiatiques, pour ne pas dire toutes ».

S’agissant de l’installation de l’Autorité de régulation de la presse écrite (ARPE), instituée par le Code de l’information de 2012, le ministre a fait état d’une réflexion en cours sur son remplacement éventuel par des Conseils de déontologie professionnelle au niveau national et au sein des rédactions, « les seules à maîtriser les rouages et bases du travail journalistique, au quotidien », a-t-il dit.

En réponse à une question sur « les craintes des journalistes, ces derniers temps, d’un retour +du ciseau de la censure+à travers l’emprisonnement de journalistes et la suspension de journaux électroniques, en dépit de l’engagement du président de la République à préserver l’acquis de la liberté de la presse », M. Belhimer s’est dit contre l’utilisation de tels propos « lourds de sens qui laissent à penser, très exagérément, que l’on est face à un paysage médiatique sombre ».

« En effet, il y a des journalistes, très peu d’ailleurs, dont les dossiers sont entre les mains de la Justice, et en tant que ministre et Porte-parole du Gouvernement, il ne m’appartient nullement d’évoquer des affaires relevant de la Justice, qui est habilitée seule à dire s’il s’agit d’affaires en lien avec la liberté de la presse ou pas », a expliqué M. Belhimer.

Quant au « ciseau de la censure », le ministre a rétorqué que ce discours laisse entendre que des journaux ont été empêchés d’exercer leur travail et que leurs journalistes n’écrivent que sur ordre ou injonction, concédant qu’il s’agit peut-être d’une « sorte d’autocensure » dont les journalistes devaient s’affranchir.

Pour ce qui est de la suspension de certains journaux électroniques, M. Belhimer a tenu à préciser que ce ne sont que deux cas « exceptionnels », en l’occurrence « Maghreb Emergent » et « Radio M. Post », gérés par un journaliste « qui se livrait à la diffamation, la calomnie et l’insulte à l’encontre du président de la République ( ) franchissant, ainsi, toutes les limites de la décence, de la morale et de la Loi ».

Néanmoins, a-t-il poursuivi, cette suspension se veut une « suspension conservatoire » en attendant l’achèvement des procédures de poursuites judiciaires conformément aux dispositions du Code pénal et du Code de l’information.

Concernant la régularisation de la situation juridique des journaux électroniques domiciliés en Algérie, M. Belhimer a fait savoir que son premier volet, la régularisation de leur situation juridique, « a été accéléré à la demande du président de la République en personne. Ce « texte  de rattrapage « a été préparé au terme de consultations ayant regroupé les acteurs du secteur et un grand nombre de ministères, pour avis, au titre de l’entraide gouvernementale », a-t-il ajouté.

Quant à la promulgation de la Loi en soi, le ministre a indiqué que son élaboration se fera « sur des bases de rigueur, d’écoute, de dialogue constructif et de débat constant » avec les gens du métier, les spécialistes et les experts.

Par ailleurs, M. Belhimer a abordé la situation dans laquelle se trouvent de nombreux journalistes n’ayant pas perçu leurs salaires depuis des mois, et qui s’est exacerbée avec la pandémie de Coronavirus, se disant « très préoccupé » par la crise financière étouffante que vive la majorité des médias.

Il a relevé, à ce propos, que cette crise, qui ne date pas d’aujourd’hui, est le résultat d’un ensemble de causes, dont les modèles économiques choisis par ces médias, la gestion des ressources financières et humaines et l’incapacité à s’adapter à la transition numérique.

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