Coronavirus: la perte de l’odorat constatée chez des patients en Europe

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La perte totale ou partielle de l’odorat est un autre symptôme de la contamination au coronavirus (Covid-19) ayant été constatés chez des patients en Europe et dans d’autres pays touchés par la pandémie, selon des sources médicales.

Depuis l’émergence du coronavirus SARS-CoV-2 couramment appelé Covid-19, il est bien connu que la maladie qu’il provoque est associée à des symptômes tels que de la fièvre, de la fatigue, des maux de tête et surtout une toux sèche pouvant évoluer en détresse respiratoire.

Cependant, au mois de mars, la progression de l’épidémie en Europe s’accompagne de la description de nouveaux signes cliniques tantôt digestifs (nausées et vomissements, diarrhées, anorexie), tantôt rhinologiques : l’anosmie, c’est-à-dire la perte totale ou partielle de l’odorat, s’avère constituer un symptôme fréquent du Covid-19.

Depuis la fin de l’hiver, des médecins alertent en effet sur une apparente multiplication des cas d’anosmie en Europe, notamment en Allemagne et en Italie.

En France, un groupe d’ORL et d’infectiologues a ainsi émis le 20 mars une alerte notamment à destination des professionnels de la santé : si aucune investigation épidémiologique n’a encore pu mettre en évidence un lien de causalité entre infection par le SARS-CoV-2 et anosmie, si aucun virologue ou spécialiste de la biologie cellulaire n’a encore su expliquer le mécanisme qui conduit à la perte de l’odorat, les médecins tentent néanmoins d’adapter leurs pratiques au plus vite afin que tous les patients touchés par le Covid-19 puissent bénéficier des traitements les plus efficaces possibles.

« Je ne sais pas exactement quand j’ai perdu l’odorat, cependant, c’est arrivé suffisamment brutalement pour que je réalise d’un coup que ni les produits d’hygiène que j’utilisais, ni le café que je buvais habituellement n’avaient plus d’odeur », raconte Daniel, interne en médecine interrogé par Sciences et Avenir après qu’il a perdu l’odorat pendant 8 jours sans subir d’autres symptômes liés au coronavirus.

Cette expérience troublante de défaillance de l’olfaction, des centaines voire des milliers de personnes pourraient, comme Daniel, l’avoir vécue en France depuis le début du mois de mars.

« De nombreux cas de Covid-19 pourraient associer des pertes d’odorat, voire se révéler par une anosmie partielle ou complète telle que de nombreux patients ont l’impression d’avoir également perdu le goût », affirme le professeur d’infectiologie, Alain Corré.

« A la partie supérieure de chaque fosse nasale, il existe une ‘fente olfactive’ de moins d’1 mm de large, recouverte de cellules muqueuses et de fins récepteurs neuronaux », explique à Sciences et Avenir le Docteur Corré. Ces récepteurs, en traversant l’os qui forme le toit des fosses nasales par d’étroits orifices, rejoint une structure nerveuse, le bulbe olfactif, relié à d’autres zones de l’encéphale dites associatives permettant l’interprétation de l’information sensorielle.

Un virologue allemand, Henrik Streeck, a révélé le 17 mars dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung que deux tiers de ses patients atteints par une forme non sévère de Covid-19 présenteraient des signes d’anosmie pendant plusieurs jours.

D’après un communiqué de la British Rhinological Society, publié le 21 mars 2020, de nombreux cas d’anosmie ou d’hyposmie ont également été rapportés notamment en Italie, en Iran, en Italie et en Corée du Sud, où environ 30% des patients positifs au SARS-CoV-2 présenteraient l’anosmie comme principal symptôme de Covid-19.

« La perte d’odorat pourrait être liée à la réplication importante du virus dans les fosses nasales », imagine le Professeur Salmon-Ceron. « En se multipliant dans les cellules muqueuses de la fente olfactive, le SARS-CoV-2 pourrait créer une inflammation, un œdème qui, en rétrécissant la fente olfactive, entraverait la transmission du message olfactif et la perception normale des odeurs », précise le Docteur Corré.

Cette hypothèse, qui semble la plus probable au regard de la récupération rapide de la plupart des patients, doit cependant être vérifiée, au même titre que celle avancée par des virologues chinois et pakistanais dans deux études parues dans le Journal of Medical Virology et dans le Journal of Chemical Neuroscience.

Ces chercheurs suggèrent en effet que le mécanisme menant à la perte d’odorat pourrait être neurologique : le virus, à partir des fosses nasales, pourrait migrer via les nerfs olfactifs vers certaines zones l’encéphale dédiées au traitement des informations olfactives et peut-être également au contrôle de la respiration.

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