Faut-il réinventer la culture de l’opposition ?

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Par Yazid HADDAR psychologue, enseignant université Paris

Le hirak a permis au peuple de sortir de son silence et d’occuper les espaces publiques, en revendiquant un Etat civile et non pas militaire, néanmoins,  faut-il le rappeler ici que l’espace publique est l’émanation d’une culture citoyenne ? Sommes-nous en mesure de la revendiquer ? L’avons-nous dans nos gestes quotidiens, nos institutions et entre concitoyens, etc. ? Bref, existe-t-il une culture citoyenne ?

 A vrai dire, tout a été fait, depuis l’indépendance à ce jour[1] pour qu’elle soit exclue ! Cette culture était d’abord construite sur l’illégitimité du régime, en lui rappelons sa confiscation de l’indépendance et la manipulation de l’histoire de la guerre de la révolution nationale et surtout de construire une nouvelle identité au peuple.

 Les partis politiques ont été construits autour d’une personne et non pas sur un projet de société, qui les rendent à ce jour fragile, car les querelles personnelles peuvent prendre des proportions inattendues !

 Depuis l’été de 1962, les parties politiques et les personnalités d’opposition sont entrées dans la clandestinité, l’opposition avait peu de choix pour militer. L’immigration, surtout en France, était le seul endroit où les opposants peuvaient se rencontrer et surtout  débattre.

 Cependant, quelques étudiants ont pu la perpétuer, en  gardant des liens avec l’opposition en exil, en invitant des paroles contradictoires, en débattant, en publiant des tracts, en faisant circuler des livres, des idées autres que celles du régime politique qui gouverne, dans les cités universitaires, les cafés, etc.

 Ce qui a donné naissance aux événements d’avril 1980 et des manifestations éparpillées dans plusieurs universités de l’est à l’ouest.  Néanmoins, cette culture d’opposition est d’abord politique ne visait  pas à changer la gouvernance mais à récupérer « l’indépendance confisqué », même parfois avec des bonnes intentions, cependant, je me pose la question à chaque fois qu’une personnalité politique d’opposition est au pouvoir agit de la même manière et utilise le même mécanisme que ceux qu’il a critiqué. Je reste septique à l’idée que les personnalités de l’opposition peuvent porter un changement du régime politique, car il ne faut pas seulement une culture d’opposition mais également une culture citoyenne et de l’Etat.

 Certes certaines personnalités politiques, sans que je les nome, ont cette posture et la culture de les converger, c’est-à-dire : Opposition, Citoyenne et Etat), cependant, leur passé politique (composé d’idées reçus et des maladresses) les fragilisent.  

Ce que le Hirak a « détruit », au sens derridien, c’est la culture de la légitimité historique, cette nouvelle révolution a ouvert le bal de une nouvelle ère de gouvernance, mais également une prise de conscience de la nécessité d’une culture citoyenne !

 Comment la construire cette citoyenneté ? Comment la rendre possible et active? Les associations et la société civile ont un rôle primordial maintenant à rendre le impossible en  possible, en multipliant des espaces de dialogue pour échanger, débattre, exprimer des opinions, etc., qui pourront ouvrir une nouvelle culture politique pour les générations futures !



[1] La culture citoyenne, qui est souvent perçue et confondue à la culture d’opposition, c’est-à-dire, lorsqu’on s’éloigne de la ligne « éditoriale » du régime politique.

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