A deux jours du lancement officiel de la campagne électorale pour la présidentielle du 12 décembre prochain, la rue ne décolère pas et ne veut pas céder d’un iota sur ses revendications. Ils sont encore une fois des milliers de manifestants, aujourd’hui, en ce 39e vendredi de mobilisation à descendre dans rues à travers les principales villes du pays pour signifier leur rejet des élections et leur exigence d’un processus transitionnel démocratique devant aboutir à l’instauration d’une nouvelle république totalement émancipée de l’ancien système.
Aussi bien à Alger, la locomotive du Hirak national, qui a repris ce vendredi, son mouvement de foule matinal, des manifestations imposantes, ont été enregistrées dans plusieurs villes du pays. A Tizi-Ouzou, Bejaïa, Bouira , Sétif, Bordj Bou Arréridj … des foules compactes et nombreuses ont envahi les rues pacifiquement pour dire que leur mobilisation est toujours intacte, qu’elle n’a rien perdu de son punch et qu’elle ne cessera pas tant que ses mots d’ordre ne sont pas entièrement concrétisés. Louisette Ighilahriz donnée pour morte était présente aujourd’hui dans les manifs d’Alger démentant ainsi les fausses rumeurs sur son décès.
« Isqat lvot wadjib watani », « Ulac ulac,ulac Lvot ulac », « Ya shab el casse-croûte , makanch el vot », « Qanoun el mahrouqat à la poubelle », « Mazalagh d Imazighen », « Baouha Lkhawana Baouha,djibouha ya lawled djibouha », « Libérez les détenus, libérez les otages » et autres slogans de la même facture , ont fusé encore une fois dans les rues algériennes et ont été répétés en boucle par des milliers de gosiers. Les cinq candidats aux présidentielles et les hommes forts du régime ont été également la cible des manifestants. Des slogans rimés où le sarcasme se mêle au blâme leur ont été destinés.
Ce 39e acte du hirak intervient alors que les détenus sont toujours maintenus en détention et que de nombreux journalistes des secteurs public et privé commencent à se rebeller contre la censure et à dénoncer les pressions qu’ils subissent dans l’accomplissement de leur mission. « Nous exigeons du pouvoir de cesser d’imposer la censure aux médias publics et privés et de porter atteinte aux libertés médiatiques afin de garantir le droit du citoyen à une information objective et neutre » ont-ils revendiqué dans une déclaration signée par plus 260 journalistes professionnels. Plusieurs parmi eux , remontés contre le parti pris flagrant de leur direction envers le pouvoir, ont tenu aujourd’hui, en plein Hirak populaire , un rassemblement pour dénoncer les entorses à la vérité et à l’éthique journalistique.