Montage de mobiles: près de 30.000 emplois menacés de disparition

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Le bras de fer continue entre les pouvoirs publics et les fabricants de la téléphonie mobile. Réagissant aux déclarations à la presse de la ministre de l’Industrie et des Mines, Djamila Tamzerit, le Collectif des fabricants de produits électroniques et électroménagers a affirmé ce lundi que l’exclusion de la filière de montage de smartphones du dispositif préférentiel SKD/CKD, va pousser les usines à mettre la clé sous le paillasson. Cela signifie la mise au chômage de presque 30.000 employés.

Cette fois-ci, le Collectif a jugé nécessaire de saisir la ministre de l’industrie par écrit, après avoir été reçu en audience dernièrement par cette même responsable. Dans leur lettre les opérateurs de la téléphonie mobile ont exprimé leur « surprise » en apprenant via la presse que les pouvoirs publics avaient décidé, unilatéralement, de suspendre définitivement le dispositif SKD pour leur filière, et ce, en guise de confirmation des dispositions contenues dans l’article 112 du projet de loi de finances pour 2020.

Cette disposition est « motivée par des considérations reposant sur des données totalement erronées, et est porteuse de répercussions néfastes aussi bien sur les producteurs que sur l’économie nationale, a déploré le Collectif qui rappelle avoir tenu les même propos devant les représentants du ministère de l’Industrie et les Parlementaires.

Il importe de rappeler, a poursuivi le Collectif dans sa lettre, que la facture d’importation a toujours été élevée. Elle a notamment connu une ascension fulgurante, suite à l’introduction de la 3G et la 4G en Algérie, en enregistrant l’évolution (en 2014 le montant était supérieur à 400 millions USD, en 2015 supérieur à 530 millions USD et en 2016 supérieur à 650 millions USD).

Le Collectif a jugé nécessaire de souligner que durant toutes ces années, l’importation des téléphones mobiles était « majoritairement en produits finis et soumise à un droit de douanes réduit à 5% ».  Ainsi, durant l’année 2017, la facture a baissé à moins de 230 millions dollars subséquemment à l’interdiction de l’importation de produits finis.

En 2018, la facture d’importation a, par contre, atteint 511 millions dollars, suite à la conversion des importations produits finis vers l’industrie de montage local (SKD).

« Nous avons pu relever également, dudit exposé des motifs et des articles de presse qui se réfèrent à la communication émanant du ministère de l’Industrie, que les pouvoirs publics sont préoccupés par les faibles possibilités d’intégration du fait de la complexité technologique », a-t-on précisé.

Ce faisant, les membres du Collectif se disent n’avoir « aucune intention de nier que les taux d’intégration actuels sont infimes mais il faudrait tout de même souligner que les perspectives de son amélioration sont importantes, d’autant plus que c’est les producteurs eux-mêmes qui ont longtemps appelé, depuis 2015, à la mise en place du dispositif CKD relatif à la filière téléphonie mobile ».

Par ailleurs, le Collectif a tenu à attirer l’attention de la ministre sur le fait que « cette mesure, qui prévoit de mettre au même pied d’égalité les producteurs et les importateurs, n’est pas sans induire des conséquences négatives et dramatiques sur la filière du montage de téléphonie mobile, notamment en matière de perte d’emploi parla fermeture des usines induira à la perte de plus de 6.000 emplois directs et plus de 20.000 emplois indirects».

Il est à rappeler que le dispositif (SKD) a été créé en Europe principalement dans le but d’absorber le taux de chômage. Contrairement à ce qui a été déclaré dans ledit exposé des motifs, ce dispositif continue à exister partout dans le monde, notamment en Europe où l’Allemagne compte près de 10 opérateurs, la France (8), la Roumanie (Plus de 5), l’Espagne, la Finlande, le Danemark et la Hollande.

D’autres pays comme laRussie comptent plus de 10 opérateurs activant dans le montage de smartphones, l’Inde (près de 20), le Pakistan, la Turquie, le Taiwan, la Malaisie, l’Indonésie…sans oublier la Tunisie, le Maroc, l’Egypte, l’Ethiopie, les Etats-Unis, le Mexique et bien d’autres pays.

Il est nécessaire aussi de rappeler queles producteurs ont consenti des investissements colossaux, en devises de surcroît, afin de mettre en place les unités de montage, lequel investissement qui risque de disparaitre. Cette disposition ne manquera pas de susciter la perte de la relation de confiance développée avec les opérateurs étrangers de marques mondiales, lit-on dans la lettre.

Parmi les conséquences de la décision prise par les pouvoirs publics, le Collectif a cité notamment « l’encouragement de la prolifération du marché parallèle de téléphones et de la devise (marché du bazar) :La mise en place d’une industrie de montage a le mérite d’asseoir une discipline dans le marché de la téléphonie mobile, notamment en ce qui concerne l’origine des marques, la garantie des produits et la prise en charge du client ».

Les membres du Collectif a également souligné que « la suppression de ce dispositif conduira fatalement au retour de la prédominance du marché parallèle, soit le marché du bazar, avec tout ce que cela implique comme effets négatifs aussi bien sur le consommateur que sur l’économie nationale. Ceci va conduire au retour à l’époque de la précarité et l’insatisfaction du client ».

« L‘industrie du montage de téléphonie est dans une étape gestationnelle mais elle a permis quand même, aux producteurs, d’enregistrer, dans un laps de temps très réduit, un transfert technologique considérable et une transmission de savoir-faire très importante avec la formation de milliers d’ingénieurs. Cette filière présente par ailleurs un potentiel de développement technologique qu’il ne faudrait pas sous-estimer », a ajouté la lettre.       

« Etant une corporation soucieuse des enjeux économiques et des intérêts y afférents, nous jugeons opportun de soumettre aux pouvoirs publics des propositions afin de sauver les emplois et sauvegarder le tissu industriel qui commence à prendre forme au tour de l’industrie de montage de téléphonie, d’un côté, et permettre à l’Etat de combler le manque à gagner en matière de fiscalité, d’un autre côté », lit-on encore.

En guise de solution, le Collectif propose, dans sa lettre, de« surseoir à la décision de suppression du régime SKD de téléphonie mobile. Réviser à la hausse les droits de douanes du régime SKD de téléphonie mobile tout en maintenant le DAPS pour le produit fin. Mise en place d’un comité mixte (ministère de l’industrie-Collectif des fabricants) pour travailler sur un plan de conversion du régime SKD vers le régime CKD ».

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