Depuis le début du Hirak , il ne se passe pas une semaine sans qu’on titille, de part et d’autre, les sentiments des foules en invoquant les martyrs de la guerre d’indépendance ou certains symboles et repères historiques du pays.
Si les chantres du binôme badissisme-novembrisme n’ont pas fait long feu et ont fini même par attirer les foudres des Hirakistes qui les considèrent, non sans raison, comme des prêcheurs de division à cause de leurs attaques répétitives et injustifiées contre les berbéristes qu’ils traitent de « zouaves », il n’en est pas de même des partisans du Hirak qui convoquent dans toutes leurs manifestations hebdomadaires les Ali La Pointe, Abane Ramdane, Ben M’hidi , Amirouche et certaines autres référents de la nation.
Véritable carburant pour les manifestants, ce recours à ce qui constitue les « mythes fondateurs du pays » devient de plus en plus insistant à la veille du 65e anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance.
Pour les Hirakistes, la coïncidence du 5 juillet et du 1er novembre 2019 avec un vendredi est considérée comme un don du Ciel. Une approbation et un soutien divins pour leur révolte enclenchée depuis février écoulé.
Ils n’en démordent pas, pour eux le fait que ces deux grandes dates symboliques tombent un vendredi n’est pas anodin. Il y a là une charge sémantique considérable que c’est jugée comme une sorte de légitimation mystico-symbolique de leur mouvement.
Les partisans du scrutin présidentiel, eux aussi, ne sont pas en reste. Ils tiennent eux aussi aux messages des symboles. Ils y voient ainsi dans certaines coïncidences avec l’histoire du pays qui parsèment leur parcours comme une sorte d’homologation à leur feuille de route. Le chiffre 22, en référence aux personnalités qui ont déposé leur candidature à la présidentielle du 12 décembre 2019, est vite apparenté symboliquement au groupe des vingt-deux qui se sont prononcés en juillet 1954, dans une villa du Clos Salembier pour le déclenchement de la révolution jusqu’à l’indépendance totale.