Les principales villes du pays ont vibré, en ce 32e vendredi de mobilisation, au rythme d’une floraison de slogans caustiques hostiles au système. Dans la majorité des wilayas, c’est le même spectacle de foules bigarrées scandant leurs hostilités au système et à ses symboles les plus patentés. « Système dégage », « Dawla madania machi âaskaria », « Ulac lvot ulac », « Pas d’élections avec la bande !» « Allah Akbar, Karim Tabbou » « Libérez les détenus », « A bas la dictature ! », « Ni Tebboune, ni Benflis, le peuple est l’unique président ! »… ont scandé sans relâche et avec intensité des milliers de manifestants à travers les quatre coins du pays.
A coté des huit nourrissons décédés dans un incendie à El-oued et des candidatures au scrutin présidentiel de Abdelmadjid Tebboune et de Ali Benflis , l’ombre de Karim Tabbou et des deux militants du RAJ arrêtés hier , a fortement plané sur ce 32e acte de mobilisation populaire. Interpellés hier par des agents en civil, ni leur famille, ni leurs amis n’ont eu jusqu’à ce vendredi matin de leurs nouvelles.
Chose que tout le monde dénonce et considère comme une grave atteinte aux droits humains. « Jusqu’à ce moment, aucune information sur leurs lieux de détention ni la partie qui les a interpellée, ce qui est étrange et anormal. C’est un acte illégal, arbitraire et scandaleux qui nous rappelle la période la plus sombre de l’histoire de l’Algérie ! », a annoncé RAJ dans un communiqué. « Jusqu’à l’instant on ignore la partie qui l’a arrêté, les motifs et le lieu de sa détention. Une situation grave qui suscite beaucoup de questions », a écrit, de son côté, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH).
Fait saillant ! Ces arrestations constituent un véritable carburant pour le Hirak qui trouve ainsi de puissants arguments pour descendre en flammes le pouvoir actuel, qu’il accuse non sans raisons d’injustice et de penchants dictatoriaux. Il est aisé de constater que les multiples mesures d’intimidations et de répressions prises depuis quelques temps par le pouvoir pour entamer de la détermination des manifestants, n’ont pas eu l’effet escompté.
Elles ont plutôt généré l’effet inverse. Pour preuve, le vendredi passé, l’impressionnant dispositif sécuritaire imposé à la capitale, n’a pas empêché les manifestants de plusieurs wilayas de rallier en masse Alger et de manifester pacifiquement. Ceci pour dire, qu’en cette période sensible, la répression ne peut qu’envenimer la situation.
Les Algériennes et les Algériens qui ont réapproprié, depuis les 22 février passé, leur droit de manifester pacifiquement dans leurs rues, ne sont pas prêts de céder ce droit quelques soient les mesures répressives mises en place.
« Samidoune,samidoune, houkm el âskar rafidhoune !» « Nous ne plierons pas ! » font savoir les manifestants qui considèrent leurs mobilisations hebdomadaires comme des référendums populaires.