En dépit des restrictions imposées à « Al Djazaïr Al Mahroussa » et de l’impressionnant déploiement de la police dans différents endroits de la capitale, les « Hirakistes » étaient au rendez-vous en ce 31e vendredi de mobilisation.
En dépit des barrages filtrants certains ont préféré rejoindre hier Alger où ils ont passé la nuit soit chez des proches ou dans des hôtels, d’autres ont rallié Alger aujourd’hui par divers moyens : en voiture, à pied et même au moyen de barques. S’accrochant depuis février écoulé à leur « Hirak », ils se disent prêts à tous les sacrifices pour participer à ces manifestations pacifiques, prémices d’une Algérie nouvelle basée sur la liberté, la justice et le respect des droits humains.
Comme vendredi dernier, dès les premières heures de cette mobilisation, la police a commencé à opérer des interpellations parmi les manifestants les plus connus.
Ces arrestations qui ont pour buts d’émousser l’ardeur des manifestants, n’ont fait au final que donner plus de punch au mouvement.
Ainsi, malgré toutes les mesures de dissuasion, une grande foule a envahi le centre-ville d’Alger et s’est exprimé à travers divers slogans hostiles au pouvoir. « Ya lil aâr, yall lil aâr, al asima fi el hissar ! », « Pas d’élections, pour une période de transition !», « Libérez les détenus d’opinion !», « Dawla madania, machi aaskaria »… tels sont entre autres les slogans scandés en cette 31e mobilisation qui intervient dans une phase très sensible du pays ou deux visions de sorties de crise se font face et s’entrechoquent en faisant des étincelles.
Si pour le chef d’état major, ce sont les relais de la bande qui manipulent la rue en lui inoculant des « slogans tendancieux qui n’ont rien d’innocent » pour maintenir la crise et « induire l’opinion publique nationale en erreur avec ces moyens trompeurs pour s’autoproclamer fallacieusement comme les porte-voix du peuple algérien », pour les animateurs du Hirak, ces revendications émanent plutôt de l’Algérie profonde et n’ont comme seul objectif que de déraciner le système qui a dirigé le pays depuis l’indépendance.
Du côté des décideurs actuels, la voix la plus saine, la plus sage et la moins dangereuse pour surmonter la crise réside dans l’organisation en urgence d’un scrutin présidentiel.
Du côté des animateurs du Hirak, la solution réside dans la mise en place d’un processus transitionnel, seul moyen de mettre l’Algérie sur de nouveaux rails pour qu’elle se réapproprie effectivement son destin.
Toutefois, l’intérêt du pays qui doit être mis au dessus de toute considération, exige de trouver un compromis en urgence pour éteindre les colères, les dissensions et les dérives qui commencent à prendre le pas sur la persuasion et le débat libre et démocratique.
Les arrestations de manifestants pacifiques, les verrouillages médiatiques, le fait de jeter en pâture tous ceux qui pensent autrement, n’ont fait jusqu’à présent qu’accentuer la crise.
Le peuple est source de pouvoir et de souveraineté, il est nécessaire d’écouter ses exigences et d’aller dans le sens de l’apaisement.
Si, les mesures exigées par le panel du dialogue étaient satisfaites à temps, si les droits de manifester et de se réunir étaient respectés, on n’en serait peut-être pas la aujourd’hui. Pour le 31e vendredi successif, le peuple algérien a encore fait entendre sa voix.
Partout en Algérie (Oran, Constantine, Jijel, Bouira, ElTarf, Ouargla, Tizi-Ouzou, Bejaïa…) des manifestations impressionnantes ont eu lieu.
Ils étaient des de milliers de citoyens à battre le pavé et à réclamer l’application des articles 7 et 8 de la constitution et à crier leur refus des élections et de la politique du fait accompli.