Le rôle ambigu de l’ARAV

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Drôle de recommandation que l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) a adressé ce lundi aux médias audiovisuels d’accorder un intérêt à l’information juridique à travers des émissions spécialisées associant les citoyens et les juristes.

Dans un communiqué rendu public ce lundi l’ARAV recommande aux médias audiovisuels de réserver un créneau à l’information juridique à travers des émissions pertinentes, en «s’appuyant notamment sur le journal officiel, les délibérations des deux chambres du Parlement, les différentes lois promulguées ou à l’examen, ainsi que les textes d’application», a précisé l’ARAV dans son communiqué.

Estimant que la notion d’information juridique procède d’une évidence, à savoir que «le citoyen ne saurait être actif que s’il est au fait de ses droits, consacrés par la Constitution et la loi», l’ARAV relève que le large débat, au vu de la Constitution et de la loi, concernant l’élection présidentielle attendue ainsi que le régime électoral et l’Autorité nationale indépendante des élections, a montré «une soif de connaissances pour la loi».

L’Autorité appelle les médias audiovisuels à accorder «tout l’intérêt nécessaire» à ces deux lois et à l’information juridique, qui est à même de contribuer à «la consécration de l’Etat de droit qui repose essentiellement sur la connaissance par le citoyen de ses droits et devoirs», ajoute la même source.

Passant sous silence les abus et les entraves constatés dans toutes les chaînes publiques et un degré moindre les chaines privées, l’ARAV n’a pas jugé utile de demander l’ouverture du champ médiatique aux partis de l’opposition ou à tout le moindre exiger un minimum de présence médiatique.

Alors à quoi sert l’ARAV ? La question peut sembler intrigante voire brutale, tant cette institution a été l’aboutissement d’un long combat contre le gouvernement qui n’entendait pas lever la main sur le secteur de l’audiovisuel.

Mais quand on observe son manque de réactivité par rapport à une succession de faits qui relèvent pourtant de son périmètre, cette question se pose à tout le moins. Des attaques contre ceux qui rejettent l’élection présidentielle sont légions.

L’ENTV a même laissé passer un vidéo diffusé sur la télévision publique nationale qui a soulevé une vive polémique sur les réseaux sociaux. En effet, le mot «zouave», un terme sensé désigner les opposants à la présidentielle a été employé par un citoyen.

Et pendant ce temps, l’ARAV joue au spectateur distrait. Face à ces débordements répétés, Zouaoui Benhamadi aurait dû hausser le ton, monter au créneau voire brandir des cartons rouges. C’est bien cela le rôle de l’ARAV.

Mais elle donne plutôt l’impression de subir les choses, se contentant d’exister dans le décor médiatique comme une institution alibi.

A moins que Benhamadi ait les mains liées par ceux-là qui assurent protection et immunité à certaines chaînes lesquelles ne se sentent nullement concernées par les impératifs d’éthique et de professionnalisme.

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