Comment Said Bouteflika, Tartag et Toufik ont tenté de piéger Gaid Salah

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L’arrestation de celui qui fut attaché militaire de l’ambassade d’Algérie en France en 2018 et début 2019, le commandant Tarek Amirat, auparavant en poste à Rome, continue d’apporter son lot de révélations sur les connivences entre les services de renseignements français et algériens pour maintenir coûte que coûte au pouvoir Bouteflika et sa bande mafieuse.

Tarek Amirat qui a été placé en détention par la justice militaire est accusé d’avoir caché à sa hiérarchie, sous la présidence de Bouteflika, des réunions secrètes avec la DGSE française. Des réunions se tenaient à Paris entre les services français de la DGSE et l’attaché militaire algérien en plein mouvement du hirak pour sauver Bouteflika.

Le plan machiavélique de Said Bouteflika consistait à décréter l’état d’urgence et de pousser vers la sortie le chef d’état-major, Gaïd Salah. L’attaché militaire, qui avait commis la faute de transmettre ses rapports au seul général Tartag, sans en informer également la DCSA a été rappelé en Algérie pour être finalement poursuivi par la justice militaire et emprisonné désormais à Blida.

Cet attaché militaire de l’ambassade d’Algérie à Paris a été placé en détention préventive, par le juge d’instruction, près le tribunal militaire pour espionnage au profit d’une officine étrangère. Il est mis en cause dans l’organisation et la participation à des réunions suspectes avec les services français.

L’ex patron du DSS, le général Tartag rencontrait à l’occasion de ces réunions dites du directoire de la sécurité des hommes de la DGSE sans en avertir la hiérarchie militaire. La visite de Saïd Bouteflika avec le général Toufik à Paris au mois de mars fût le point de rupture avec Gaïd Salah.

Durant cette période, Said Bouteflika a quitté l’Algérie pour rejoindre Paris où il devait rencontrer des responsables français proches de l’Elysée afin d’étudier avec eux l’évolution de la situation politique interne en Algérie à la lumière des soubresauts troublants qui ont émaillé la crise de succession d’Abdelaziz Bouteflika.

Durant son voyage, un homme particulièrement gênant pour Gaïd Salah a accompagné Said Bouteflika, le général Toufik. Ce voyage devait rester secret et permettre aux deux puissants dirigeants algériens de conserver le soutien de Paris pour les Bouteflika.

A cette époque, le général Toufik espérait neutraliser Ahmed Gaid Salah en utilisant la candidature aux élections présidentielles du général Ghediri. Toufik et Said Bouteflika auraient même fomenté un plan pour piéger leur ennemi commun.

Ce plan consistait à retirer la candidature d’Abdelaziz Bouteflika au 5e mandat à la dernière minute pour ouvrir un grand boulevard de la présidence au général Ali Ghediri qui se chargera par la suite de l’application d’un agenda qui préserve les intérêts d’un clan recomposé et créé par Said et le général Toufik. Paris était séduite par cette idée. Mais Gaïd Salah coupera l’herbe sous les pieds des initiateurs de ce projet en exigeant l’annulation du scrutin présidentiel et en prônant le départ des Bouteflika.

Depuis, le général Ahmed Gaïd Salah, coupe tous les derniers liens, en ciblant la «bande»de Zéralda. Le 3 avril dernier au lendemain de la démission du président Bouteflika, le chef d’état-major accuse des «entités non constitutionnelles non habilitées» d’avoir signé, deux jours avant, un communiqué attribué à Bouteflika proposant une feuille de route.

L’allusion cible directement Saïd Bouteflika, frère cadet et conseiller de l’ex-chef d’État. Selon l’ex-général Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense, aujourd’hui en fuite en Espagne, Saïd Bouteflika l’aurait contacté deux fois avant la démission de Abdelaziz Bouteflika, racontant dans une déclaration publiée sur un média, que le frère cadet voulait instaurer «l’état de siège ou l’état d’exception» pour contrecarrer les manifestations qui exigeaient le départ de Bouteflika.

Saïd aurait même demandé s’il n’était pas temps de démettre Gaïd Salah de ses fonctions car il avait peur, rapporte Nezzar, qu’il le fasse arrêter. Durant cette même période, l’ancien président Liamine Zeroual a révélé de son côté avoir été approché par Mohamed Mediène pour lui proposer, au nom de Saïd Bouteflika, de présider une instance présidentielle transitoire.

Zeroual a refusé, mais la rencontre est alors éventée par des médias: le chef de l’armée dénonce, le 30 mars, une «réunion» [de personnes] «malintentionnées» pour conspirer autour des revendications du peuple et «afin d’entraver les solutions de l’ANP et les propositions de sortie de crise».

Il précisera sa cible, le 16 avril, désignant Mediène comme étant à la tête d’une conjuration: «Je lance à cette personne [le général Toufik] un dernier avertissement, et dans le cas où il persiste dans ses agissements, des mesures légales fermes seront prises à son encontre»dit-il.

Le complot de Saïd Bouteflika et du général Toufik pour garder le pouvoir avec le soutien de Paris date au moins du mois de janvier 2019 quand Saïd Bouteflika et le général Toufik se sont envolés à Paris pour proposer leur plan aux dirigeants français qui leur avaient promis leur soutien.

Il semblerait que l’état-major de l’ANP aurait eu vent de ce voyage qui devait rester secret et aurait décidé de surveiller de près les agissements de ces deux personnalités. Ces révélations viennent confirmer l’existence d’un complot visant à se partager le pouvoir entre Saïd Bouteflila et le général Toufik après la neutralisation de l’état-major de l’ANP.

Elles confirment également l’ingérence de la France dans les affaires intérieures algériennes à travers le soutien au clan présidentiel allié pour l’occasion au clan du général Toufik contre l’état-major de l’ANP.

Le dossier qui a permis au juge d’instruction près le tribunal militaire de Blida d’ordonner la mise en détention provisoire de Saïd Bouteflika et des généraux Toufik et Tartag n’est pas aussi vide que le prétendent certains.

Sur le plan politique, l’implication de la France dans le soutien à Saïd Bouteflika et au général Toufik contre l’état-major de l’ANP éclaire d’un jour nouveau les enjeux de la bataille politique en cours en Algérie. On sait maintenant pour qui roulent les organisations et les personnalités qui cherchent à porter atteinte à la crédibilité du chef de l’ANP, le général Ahmed Gaïd Salah.

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