Le PDG de l’aéroport international d’Alger interdit de sortie du territoire pour une grave affaire de corruption

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Le PDG de la SGSIA (Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires) Tahar Allache, s’est vu signifier  une interdiction de sortie du territoire national (ISTN) par le tribunal de Dar El Beida.

La mesure a été prise à la suite d’investigations menées par la brigade spécialisée de la police judiciaire de la wilaya d’Alger. Auditionné à plusieurs reprises, Tahar Allache voit peser sur lui des soupçons de corruption en rapport avec le nouvel aéroport d’Alger, précisément l’octroi de privilèges indus aux partenaires étrangers lors de la signature des contrats de prestations.

Allache est soupçonné d’avoir facilité deux contrats à des sociétés en échange de pots-de-vin.  La brigade économique d’Alger ainsi que l’IGF ont en effet enquêté sur la gestion des finances de la SGSIA, dix jours après l’entrée en service du nouvel aéroport international.

La nouvelle aérogare fait également l’objet depuis 2018 d’une enquête de la part du bureau gouvernemental britannique, Serious Fraud Office (SFO) pour soupçons de corruption. Le groupe Ultra Electronics, qui avait obtenu un marché pour l’installation d’une solution informatique de gestion aéroportuaire, a accusé Tahar Allache, de «tentative de corruption».

 L’actuel patron de l’aéroport d’Alger, est allé jusqu’à demander un pot-de-vin en échange de l’octroi d’un contrat de fourniture de logiciels. La multinationale basée au Royaume-Uni, Ultra Electronics, avait alors été sollicité pour un pot-de-vin en échange de l’octroi d’un contrat juteux pour le terminal.

Bachir Tartag l’ex patron des services de renseignement à l’époque des faits, avait protégé Tahar Allache en bloquant l’enquête des services de sécurité (DRS) sur cette affaire.

Le directeur du projet, Amine Kheider, coopérait secrètement avec les services secrets algériens et leur fournissait toutes les preuves des malversations du budget de l’aéroport. Un important dossier contenant des preuves accablantes a été mis à la disposition des autorités judiciaires.

Bachir Tartag, à la dernière minute, a bloqué l’enquête et a ainsi protégé Tahar Allache contre les poursuites pénales sur le point d’être engagées. La brigade du crime économique de la police a remis à Tahar Allache un mandat du procureur d’Alger ordonnant à Allache de fournir à la justice les copies complètes de tous les documents relatifs à Ultra Electronics et Gate Technologies.

La brigade a procédé à des interrogatoires et a entendu plusieurs membres de la commission qui ont sélectionné le fournisseur choisi pour le projet. Les enquêteurs cherchaient à connaitre les raisons qui ont poussé la SGSIA à éliminer Ultra Electronics et Gate Technologies.

La plupart des membres de la commission ont clairement et formellement déclaré que l’ordre venait de Tahar Allache. Ultra Electronics, qui a porté plainte au niveau du Serious Fraud Office, est allé jusqu’à contacter la présidence.

Le groupe britannique, qui a accusé Tahar Allache, de corruption, a envoyé, par l’intermédiaire de son représentant légal en Algérie, une lettre à Bouteflika. Ultra Electronics, «lésée par des pertes financières et morales colossales», faisait appel au «garant de l’état de droit à la tête du plus haut pouvoir judiciaire» afin que le PDG de la SGSIA, à savoir Tahar Allache, «réponde aux accusations».

Après avoir rappelé les faits, le même groupe et sa filiale Gate Technologies, via son représentant légal en Algérie, ont regretté, que «personne ne réagisse à la lumière de ce crime économique», qui «a causé un énorme préjudice aux intérêts économiques de la Grande-Bretagne et de l’Algérie».

Les faits remontent à la mi-2016, lorsque la SGSIA a lancé un appel d’offres pour une solution informatique de gestion des aéroports. La société britannique Ultra Electronics, après avoir soumissionné, a remporté le contrat. À l’époque, un homme du nom de Fodhil Kerkache se présenta comme le «représentant» de Tahar Allache et «demanda ouvertement le paiement immédiat « à l’avance-d’une somme importante en espèces et en devise».

Jenny Lawton a ensuite informé le représentant que Ultra Electronics est une société cotée et respectée qui ne se livre pas à de telles pratiques; par la suite elle rentrera à Londres : «Suite à ces événements malheureux, notre société a commencé à prendre conscience de la succession de difficultés, mais aussi de blocages de la part de la SGSIA et du CSCEC qui ont alors procédé à l’élimination totale de notre offre», disait-elle à l’époque.

Le contrat a été gonflé par la CSCEC et des frais importants ont été versés à Tahar Allache à l’étranger. Tahar Allache aurait deux filles vivant à Paris, dont une mariée il y a deux ans; toutes les deux vivent dans un appartement de luxe à Paris.

Après avoir pris contact avec les ministres de la Justice et des Transports avec des preuves à l’appui, Ultra Electronics a finalement déposé une plainte auprès du Serious Fraud Office (SFO). Sa filiale Gate Technologies «avait déjà commencé la livraison des équipements après avoir remporté le contrat».

La même source a ajouté que les équipements ont été interdits d’accès à l’aéroport quand Ultra Electronics a été illégalement éliminé, ce qui a causé, en grande partie, les pertes financières.

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