Industrie automobile : Pourquoi Renault Algérie n’est pas inquiété ?

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Beaucoup d’encre et de salive ont coulé sur la filière de montage automobile en Algérie. Que de  discours fleuves  n’a-ton pas donnés sur la question, que de réunions n’a-t-on pas tenues pour organiser ce secteur qui s’est relevé, en fin de compte, un véritable nid de dilapidation des deniers publics et de privilèges illégaux.

Que de blagues, de jeux de mots n’a-t-on pas inventé autour de ce créneau qui  a fini par susciter  l’opprobre général. Industrie de gonflage des pneus, usines de Pif-gadgets,  ateliers du prêt-à-monter, espaces de jeux d’assemblages… toute une kyrielle  de qualificatifs est créée par le génie populaire pour qualifier cette filière.

Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire, du spécialiste au simple citoyen  que  le montage automobile algérien,  gonflé comme la grenouille de la Fontaine, par des publicitaires  mensongers, est un véritable fiasco.

Née en 2012, avec la conclusion d’un partenariat  avec le géant  français de l’automobile, Renault, l’industrie automobile algérienne  vit présentement ses jours sombres et semble agoniser sous la succession des scandales  qui l’accablent.  L’emprisonnement de certains  concessionnaires, est révélateur des vices de forme et des vices de fond qui caractérisent ce secteur.

Plusieurs observateurs s’attendent d’ailleurs  à la comparution devant la justice des autres concessionnaires, tant le secteur est pollué jusqu’à la lie.

Renault, premier à se lancer  dans la construction d’usine de montage automobile  en Algérie ainsi que les autres concessionnaires automobiles qui ne sont pas, pour le moment  inquiétés par la justice, n’ont –il pas bénéficié des aides de l’état et  de divers avantages fiscaux ?

Ont-ils, pour leur part respectés les cahiers de charge ? Ont-ils atteint les taux d’intégration exigés ?  Autant d’interrogations qui ne tarderont pas être levées, tant ce secteur est sous la loupe de la justice actuellement.

Et  pourtant, au tout début, le montage automobile montré sous un visage triomphant, avec les caméras  trop complaisantes de la TV nationale et des chaines privés, est considéré par le citoyen algérien comme  une grande  conquête pour l’économie algérienne qui ne vit et ne respire que par les hydrocarbures.

Beaucoup croyaient alors que l’Algérie va  fabriquer sur place, dès les premières années,  jusqu’à 30%,  des intrants et composants nécessaires à la fabrication des véhicules automobile.

Sous des slogans pimpants et tonitruants, à l’exemple de « Made in bladi », les spécialistes du rabâchage,  ergotaient alors, à tout bout de champ, à travers les écrans des télés-maisons, que l’Algérie allait bientôt avoir sa propre industrie automobile.

On persuadait les  citoyens algériens à coup de publicité  mensongère sur le bien fondé de cette industrie  qu’on présentait comme un bon  exemple   de «  l’industrie industrialisante »,  qui ne manquera pas de traduire sur le terrain, la diversification économique tant attendue.

Lancé et encouragé officiellement par les autorités du pays pour réduire de la facture des importations, cette industrie n’a pas tardé à montrer son véritable visage.

En plus de n’être d’aucun secours dans le renouveau économique, cette « industrie » qui n’est en fait que de  l’importation déguisée,  a plutôt siphonné les réserves de changes et n’a profité au final qu’aux « capitaines des filières » et aux maisons -mères étrangères.

Les bilans dressés actuellement autant par les autorités que par les spécialistes du sujet sur cette « industrie en carton », sont totalement négatifs : Avec cette industrie on n’a eu  ni  résorption du chômage ni  préservation des réserves  de change encore moins  de diversification économique.

Difficile à avaler quand on sait  que tous  les concessionnaires ont bénéficié d’aides de l’état et de divers avantages fiscaux, mais au lieu de s’acheminer vers la  création de véritable unités de productions en respectant les cahiers de charge notamment, en termes de taux d’intégration, les concessionnaires s’adonnaient  foncièrement à l’importation touts azimuts, à coup de fortes devises ,de kits prémontrés , pour les assembler ici en Algérie.

Et  l’on osait appeler ces entourloupettes de «  Made in Bladi ».

Mais, il faut dire que les citoyens vigilants dénonçaient depuis le début ce qu’ils considéraient comme des arnaques. Qu’il s’agisse de la qualité des véhicules, des prix de vente ou autres, de nombreux citoyens n’ont cessé depuis des années d’alerter sur les infractions commises par de nombreux concessionnaires.

L’on se souvient encore du scandale qui a entaché Sid auto Blida, agent agrée de Renault Algérie, qui a défrayé la chronique. Il faut le dire, l’aventure de l’industrie automobile en Algérie est semée de scandales.

Couverts et protégés du temps de Bouteflika, les concessionnaires vivent maintenant  leur « sale  temps ». Industrie à l’agonie, le montage automobile en Algérie, n’a finalement profité ni au citoyen ni à l’état.

Curieusement le français Renault, qui a été le premier à se lancer dans cette « aventure industrielle » est pour l’heure épargner par la faucille qui a coupé la tête à tous les oligarque du secteur.

Une refondation totale de cette filière est nécessaire. Il faut prêter main forte aux véritables capitaines d’industrie qui veulent réellement investir dans la production et fermer fermement la porte devant les importateurs déguisés.

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