Deux options se font actuellement, dans l’ensemble, concurrence pour sortir le pays de sa profonde crise et le remettre sur la voie de la légalité constitutionnelle : celle de l’Etat-major de l’armée et celle des partis d’opposition et de la société civile.
Pour l’ANP, les priorités, c’est la lutte contre la corruption et la tenue en urgence des élections présidentielles, pour l’opposition et la société civile, c’est l’installation d’une instance présidentielle et d’un gouvernement de compétences nationales pour gérer le processus de transition démocratique devant aboutir à l’émergence d’une république réellement démocratique et foncièrement respectueuses des droits humains.
Si ces deux options peuvent paraître complémentaires et allant de soi, elles se freinent pourtant et se neutralisent à cause du manque de clarté sur les contours à donner à l’Algérie de demain. Si personne ne s’oppose au fait que le pays doit impérativement organiser une présidentielle et doit aussi, en parallèle, engager une lutte implacable contre la corruption, il y a, par contre, ceux qui disent non à un processus électoral dans les conditions actuelles, car craignent-ils, cela ne fera que reconduire le système en place. Justifiées ou non, ces craintes relatives à des présidentielles dont l’objectif est de pérenniser le système et de le militariser sont répétées à haute voix par des millions de citoyens chaque vendredi.
La transition de 1988 qui a débouché sur la mise entre parenthèses de la république par des forces antidémocratiques avec ses conséquence dévastatrices, est toujours vivace dans les esprits. Le peuple a martelé en tête, il en a jusqu’à la nausée des faux départs, des fausses transitions et des faux rendez-vous avec son destin.
1962, 1965, 1979, 1988, 1991, 1999…combien de faux départs et de rendez-vous ratés, de jalons annihilés par les supercheries, les magouilles, la prédation et les fausses promesses de changements. Le peuple n’en veut plus encore faire les frais d’un tour de passe-passe qui le reconduira dans les bras du même système.
Il ne veut plus assister au viol et au vol de ses révolutions et de ses insurrections. Il ne veut plus servir d’instrument dans des règlements de compte claniques. Ses aspirations sont résumées dans deux revendications-phares réitérées inlassablement depuis février passé : Changement radical du système et instauration d’une nouvelle république civile plus juste, plus équitable, respectueuse de la démocratie et des droits de l’homme.
Pour « les vendredistes algériens », la concrétisation de ces deux revendications est l’unique et le seul chemin pour le salut du pays, de son peuple et des générations futures. Ainsi, quelque que soit le processus mis en œuvre ou la feuille de route choisie pour dépasser la crise, pourvu que cela se fasse dans le sens de concrétiser la volonté et la souveraineté populaire.
Et dans ce sens, il faut aller vite aux solutions consensuelles ! car, si le peuple, pour la première fois depuis l’indépendance, est uni et s’est dressé comme un seul homme contre le système prédateur et corrompu, car ,si le chemin du salut est tracé et aplani par le mouvement, il reste qu’en ce moment les feuilles de route se télescopent, se font face, se mesurent…et il ne faudrait surtout pas qu’elles deviennent à la longue, au grand dam du peuple, des feuilles de déroute !