Attaqué par les Etats-Unis, Huawei confesse ses difficultés

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Les mois passent, et les mauvaises nouvelles s’enchaînent pour Huawei. Une fois n’est pas coutume, c’est le fondateur de la firme de Shenzhen, Ren Zhengfei, qui joue cette fois les Cassandre. Un mois après l’annonce des sanctions américaines, qui interdisent au géant chinois d’acheter des composants « made in USA », le milliardaire septuagénaire a confessé, lundi 17 juin, s’attendre à un fort recul des ventes de téléphones portables de la marque à l’étranger.

Jusqu’à présent, le champion chinois s’était refusé à admettre tout contrecoup sur ses ventes, bien que les distributeurs de la marque, notamment en France, aient fait état d’une diminution importante de celles-ci ces dernières semaines.

Selon les calculs de M. Zhengfei, les livraisons de smartphones hors de Chine pourraient ainsi

chuter d’au moins 40 % en 2019.

Quant au chiffre d’affaires, il devrait, pour la première fois depuis plus de quinze ans dans l’histoire de l’entreprise, accuser une baisse, pour s’établir aux alentours de 89 milliards d’euros cette année, alors que le groupe tablait sur un revenu de plus de 111 milliards. Soit

environ 22 milliards de moins que l’objectif initial.

Mettre en place la riposte

Le choc est rude pour le géant de la tech, dont les ventes de smartphones représentent près de la moitié du chiffre d’affaires, et qui s’apprête à lancer son dernier modèle, le Honor 20. « Nous ne nous attendions pas à ce qu’ils nous attaquent sur autant d’aspects », a reconnu Ren Zhengfei, comparant son groupe à « un avion sévèrement endommagé ». Certes, la firme peut compter sur son marché domestique et sur la fibre patriotique de ses concitoyens, choqués par la virulence des attaques américaines, pour doper ses ventes sur son sol. Mais les sanctions des Etats-Unis auront porté un coup sévère à ses ambitions. Envolé le rêve, reporté sine die, de devenir numéro un mondial des ventes de smartphones en 2019.

Il faudra, selon son fondateur, attendre 2021 pour que Huawei revienne pleinement dans la

course. Entre-temps, le groupe entend panser les plaies ouvertes de ces six derniers mois, et mettre en place la riposte. L’annonce de l’inscription de l’entreprise sur la liste noire des Etats-Unis, jeudi 16 mai, a sonné le branle-bas dans les troupes : un inventaire a été immédiatement lancé pour évaluer son niveau de dépendance aux produits d’origine étrangère pour chaque composant. Léger soulagement pour le constructeur chinois : la production des

équipements 5G, autre secteur-clé du géant de la tech, n’est pas affectée.

Le champion chinois sait à quel point les sanctions américaines peuvent lui nuire. Son compatriote, ZTE, en a fait les frais un an plus tôt.

Dans le même temps, la firme exhume des tiroirs tous les projets de recherche en sommeil visant à développer des composants maison. L’objectif d’indépendance technologique est loin

d’être nouveau. Huawei en a fait un mantra dès 2004.

C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il lance, la même année, HiSilicon, sa filiale spécialisée

dans les semi-conducteurs. Puis que le fabricant commence à travailler, des années plus tard, sur le développement de son propre système d’exploitation pour ses smartphones. Les équipes mettent désormais les bouchées doubles pour y parvenir, le géant chinois n’excluant pas, par ailleurs, de se tourner davantage vers des fournisseurs européens pour s’approvisionner si les sanctions américaines ne sont pas levées.

L’indépendance du groupe se joue aussi sur le plan financier. Pas question de céder aux sirènes de la Bourse, jugée trop hasardeuse. Huawei tient à garder la main, même si le groupe, en ces temps houleux, cherche à provisionner pour assurer ses arrières.

Lundi 17 juin, M. Zhengfei s’est néanmoins voulu rassurant pour l’avenir du groupe : les investissements dans la recherche et le développement seront préservés, et des licenciements massifs ne sont pas à l’ordre du jour.

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