Évocation : Abdelkader Meksa, une étoile filante

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Né le 4 juin 1954 à  Timizart ( Tizi-Ouzou), Abdelkader Meksa , l’un des précurseurs de la chanson moderne Kabyle, nous a quitté tragiquement et précocement ,soixante-cinq ans de cela, à l’âge de trente quatre ans. Triste fut cette nuit du 30octobre de l’année 1988 où cet auteur de l’inoubliable « Loundja » succombe à la suite d’un tragique accident de circulation dans les rues de Créteil, en France.

Sa disparition, qui reste à ce jour entourée de mystère, n’a pas manqué à l’époque de bouleverser le milieu artistique qui voyant en Meksa l’un  des artistes les plus prometteurs de sa génération. En effet, ne fait –il pas partie de ceux, peu nombreux qui ont enrichi de façon brillante et généreuse le patrimoine musicale algérien ? Puisant ses thèmes dans le riche réservoir de l’histoire et de la mythologie berbère, il a su capté l’attention de beaucoup de mélomanes et de militants engagés dans la lutte identitaire. Rares étaient, en effet, dans ces années de plomb, les chanteurs qui osaient traiter de thèmes en relation avec l’amazighité. Alliant  admirablement dans ses chansons, tradition et modernité, doté d’une voix douce et cristalline, est devenu rapidement pour les amoureux de la vraie chanson, une voix très écoutée et très respectée. Ses chansons restent, pour la plupart de belles pièces d’anthologie musicale. Son répertoire quoique réduit à quatre albums seulement se compte parmi les plus grandes productions de notre patrimoine musical.

C’est à la chaine II, dans les années soixante-dix, qu’il entame sa carrière d’artiste en tant que comédien. Ce milieu ne tardera pas à l’influencer et à lui inoculer le virus de la chanson. Sitôt a-t-il quitté la radio qu’il enregistre son premier (45 tours) « Loundja » qui suscite immédiatement l’engouement chez de nombreux mélomanes. Classé dès son premier produit  parmi les interprètes sérieux pouvant propulser la musique kabyle au delà des frontières, Meksa, encouragé par la consécration populaire, poursuit son petit bonhomme de chemin en produisant d’autres albums tout aussi ressuis les uns que les autres : Tafunast Igujilen (La vache des orphelins), Amnekcem (Le colonisateur), Tiqbayliyin (Les femmes Kabyles) ,: Amghar azemni (Le vieux sage)  Les textes signés pour la plupart par Moh Cherbi suintent de partout de berbérité. Là, il est question de « timechret », ici de la « djemâa », ailleurs de « Massinissa ». Ses chansons cadrant avec les aspirations identitaires de l’époque, ont accompagné et illuminé, dans les années quatre-vingt, le chemin des militants de la mouvance berbère. Parti tôt, comme une étoile filante, Meksa restera dans la mémoire collective comme un artiste qui marqué, de façon indélébile, son époque.

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