Entretien Mohammed Yaddadene:  » Il n y’a pas de stratégie industrielle »

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L’Express-DZ : Le Gouvernement vient de définir un budget de 2 milliards de dollars par an pour importer des pièces de voiture afin de faire face à l’augmentation de la facture d’importation des CKD et SKD. Que pensez-vous d’abord de cette décision?

MYaddadene : Est-ce une loi des finances complémentaires ou juste une décision hâtive comme il y’ en a eu à chaque fois ? Là  on navigue à vue et cela dénote et confirme une réelle absence de stratégie qui risque d’avoir des conséquences négatives sur l’économie mais également sur la crédibilité du pays par rapport aux investisseurs intéressés. Dans ce cas pourquoi avoir poussé les concessionnaires à investir dans l’assemblage ? Peut être qu’il fallait juste rester sur les importations de véhicules neufs selon des quotas comme cela s’est fait il ya quelque temps, cela aurait évité d’arriver à cette situation et surtout de minimiser les risques.

La décision du Premier ministre, inclut toutes les marques d’installation de véhicule en Algérie, qui seront appliquées rétroactivement à toutes les marques d’installation de véhicule. Quel impact sur l’activité?

C’est une remise en question des choix effectués, l’impact sera problématique avec tous les emplois perdus par le secteur l’automobile depuis qu’il a été perturbé,  il ya le risque de mettre encore en chômage les unités d’assemblages nouvellement crées et qui sont encore au stade de lancement. Cela va remettre en question le développement de la sous-traitance car les volumes vont baisser et aucun opérateur n’acceptera de venir investir à perte sur des petits volumes.

Cela va provoquer des pénuries sur le marché et surtout une répercussion sur le niveau des prix qui vont augmenter au lieu de baisser comme cela avait été annoncé il ya juste quelques mois.

Les sociétés de montage de véhicule ont apparemment épuisé leur part des importations, où plusieurs usines fermeraient leurs portes, entraînant le transfert de travailleurs au chômage. Quel commentaire faites-vous à ce sujet?

Je crois que la réponse est claire, il n’ ya pas de stratégie industrielle pour faire face aux engagements pris envers les investisseurs qui se devaient d’investir d’avantage dans la fabrication dans les délais impartis en respect du cahier des charges. Cela va encore décourager les sous-traitants avec un déséquilibre du marché et une inflation par les prix qui risquent d’augmenter fortement.

Ce n’est pas le recours aux importations de véhicules de moins de trois ans qui va faire face aux risques encourus cela va compliquer d’avantage les choses et le chômage va exploser dans ce secteur. La meilleure solution c’est de se mettre autour d’une stratégie industrielle et commerciale avec les acteurs concernés du monde de l’industrie mécanique les choix sont à revoir dans le fond et dans la forme.

On doit aussi comprendre qu’on est face à des engagements que chaque partie doit respecter et que la planification est de rigueur en ces temps où l’on doit cesser le bricolage.

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