Il était prêt à mettre le pays à feu et à sang: Said Bouteflika, le Néron qui s’ignore

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Le conseiller du président démissionnaire Said Bouteflika était prêt à mettre à feu et a sang le pays, selon le témoignage du général à la retraite Khaled Nezzar paru sur le site électronique appartenant à son fils. L’ancien ministre de la Défense sous Zeroual revient sur sa rencontre avec Saïd Bouteflika et les deux coups de fil passés entre eux au début du mouvement populaire le 7 mars et le 30 mars : «jusqu’a la dernière minute, le porte-parole du Président-son frère Saïd-s’est accroché au pouvoir, multipliant les tentatives de diversion, les manœuvres, les manigances désespérées pour garder la haute main sur les affaires du pays. Pour l’histoire, j’aimerais apporter un témoignage pour dire jusqu’où était décidé à aller cet homme qui ne voulait pas comprendre, qui ne voulait pas imaginer, que le rideau était définitivement tombé» écrit-il d’emble comme pour mettre le lecteur dans l’ambiance qui a prévalu avant le départ de son frère. Nezzar semble dire que cette personne est un psychopathe très arrogant !

En effet, après des recoupements sur des faits avérés, des témoignages crédibles et, depuis que les langues se délient de plus en plus, les secrets sont éventrés…la vérité est entrain de triompher! Said Bouteflika était celui qui présidait aux destinées du pays.

Mais depuis quand exactement ! Seuls ceux qui ont travaillé avec lui, l’ex Premier ministre Ahmed Ouyahia, quelques ministres proche du sérail (Tayeb Louh et Tayeb Belaiz et les conseillers débarqués) l’actuel chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, l’ex patron des renseignements Tartag, l’ex SG du FLN, Djamel Ould Abbes et la liste reste ouverte peuvent témoigner et apporter leurs témoignages. Nezzar rappelle d’abord qu’il a rencontré une seul fois Said Bouteflika à l’occasion de l’enterrement du général  Boustela  avant les deux autres contacts, à son initiative, dont je vais parler maintenant.

«Le 7 mars 2019, j’ai reçu un appel émanant de lui par l’intermédiaire d’un ami. Il voulait me voir. Après quelques moments d’hésitation, j’ai décidé d’accepter. Nous nous sommes donc vus. L’homme était visiblement dans le désarroi. Il voulait connaître mon opinion sur ce qui se passait dans le pays et sur ce qu’il pouvait entreprendre pour faire face à la contestation populaire. Je lui dis : «Etant donné que le peuple ne veut pas d’un cinquième mandat, qu’il veut aller à une deuxième République et qu’il rejette les membres de la classe politique en charge actuellement de responsabilités, j’estime qu’il faut répondre à ses demandes. Je vous suggère d’étudier les deux propositions suivantes : La première proposition :Prendre comme base de travail la lettre du Président qui parle de conférence nationale, la compléter en précisant les délais quant à sa durée de vie. Donner la date exacte du départ du Président qui ne devrait pas excéder 6 à 9 mois. Remplacer l’équipe gouvernementale actuelle par un gouvernement de technocrates. Inconvénients de cette première proposition : la population pourrait la comprendre comme une tentative de passage en force, de même qu’elle pourrait être rejetée par les autres acteurs politiques comme pour les deux premières lettres. La seconde proposition, la plus raisonnable :Que le Président se retire soit par démission, soit par invalidation par le Conseil constitutionnel. Parallèlement :Désignation d’un gouvernement de technocrates. Création de plusieurs commissions indépendantes qui seraient compétentes pour préparer les futures élections et mettraient en place les instruments pour aller vers la deuxième République. Je suggérais également à Saïd la démission du président du Conseil constitutionnel et ceux des deux chambres du Parlement. Le nouveau président constitutionnel assurerait la vacance du président de la République et légiférerait par ordonnances. Inconvénient : une maîtrise moins aisée du processus du changement. Avantage : cette solution aurait toutes les chances d’être acceptée par l’opinion publique du moment que la décision serait entre les mains d’une instance de transition crédible parce qu’indépendante. Saïd Bouteflika rejeta d’emblée cette seconde proposition, la trouvant, à son sens, «dangereuse pour eux». A la question : «Et si cette énième lettre était rejetée, que feriez-vous ?». Il me répondit : «Ce sera l’état d’urgence ou l’état de siège !» J’étais surpris par tant d’inconscience. Je lui répondis : «Si Saïd, prenez garde, les manifestations sont pacifiques, vous ne pouvez en aucun cas agir de cette manière !»A cet instant, je me suis rendu compte qu’il se comportait comme le seul décideur et que le Président en titre était totalement écarté. Avant de le quitter, j’ajoutai : «La balle est encore dans votre camp. Surtout, ne perdez pas de temps, le mouvement est en train de faire boule de neige, bientôt il sera trop tard !»Les jours suivants, ayant eu quelques échos de ce qu’il tramait, j’ai compris qu’il avait décidé de n’en faire qu’à sa tête. La solution de sagesse que je lui avais proposée ne lui convenait donc pas. Le 30 mars, vers 17 heures, nouvelle tentative du même Saïd Bouteflika pour me joindre,  cette fois-ci au téléphone. Après m’être demandé s’il était encore utile de lui répondre, j’ai finalement décidé d’écouter ce qu’il avait à me dire. Au son de sa voix, j’ai compris qu’il était paniqué. Il me dit que le vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’ANP était en réunion avec des commandants des forces et qu’il pouvait agir contre Zéralda d’un instant à l’autre. Il voulait savoir s’il n’était pas temps de destituer le chef d’état-major. Je l’en dissuadai fortement au motif qu’il serait responsable de la dislocation de l’armée en cette période critique. Je suis revenu à la suggestion déjà avancée par moi lors de notre précédente rencontre, à savoir l’application de l’article 7 réclamé par le hirak et la désignation de membres de la société civile représentatifs pour assurer la transition et, ensuite, faire savoir immédiatement après que le Président se retirait. La balle était de nouveau dans le clan des Bouteflika. Je pensais qu’ils allaient agir rapidement, d’autant que Saïd – il le disait – craignait d’être arrêté à tout moment»  écrit-il encore.

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