Tentation du tout répressif: La Révolution «silmiya» en danger

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Une tendance mine les pouvoirs en Algérie depuis des dizaines d’années, liée à la reproduction du pouvoir : la propension à la modification des constitutions. Il s’agit de reconduire sans discontinuer les chefs d’État en exercice.

Après la période d’espoir de 1990 qui a permis l’instauration du multipartisme et la tenue des premières élections libres, voici venu le temps du reflux politique. L’Algérie est entrée dans une lente agonie du processus de démocratisation que la guerre civile des années 90 a ravagé le pays.

Après une légère accalmie, il s’apprête à revivre une période d’effroi. Mais la terreur et la violence d’État auxquelles recourt depuis sa «réélection» pour stabiliser son pouvoir, loin de calmer les tensions, les exacerbe bien au contraire. Elles témoignent d’une absence totale de légitimité qui souligne la fin d’une époque dont le «coup d’état constitutionnel» est devenu le nouvel indicateur.

Le retour du pouvoir, à la faveur de la guerre civile, a été une occasion unique de renouer avec les alliances du pouvoir post indépendance, mises à mal par les événements d’octobre 88 qui lui ont permis de rebâtir un pouvoir fort. Ce fonctionnement propre aux régimes dictatoriaux s’est raffermi autour d’une gestion de plus en plus personnalisée du pouvoir qui s’est manifestée d’abord par l’abrogation de la Constitution de 1990.

Fort de cette mainmise sur les ressources pétrolières, la redistribution de la rente s’est étendue aux autres clans qui ont ainsi bénéficié des marchés de l’État, et des parts dans tous les secteurs d’activité où prospèrent les affaires (sécurité privée, transport aérien, grands travaux, bâtiment, hôtellerie, transactions immobilières, téléphonie mobile, eau, etc…).

Pourtant loin d’endiguer le chômage des jeunes ou de diversifier la production et la sous-traitance locale, ces grands travaux n’ont bénéficié qu’aux réseaux de corruption déjà existants et notamment ceux proches du clan présidentiel. La chute du prix du pétrole va être le premier révélateur de la crise que va traverser le régime.

En effet, si l’Algérie, grand producteur de pétrole d’Afrique a pu investir dans les grands projets d’infrastructure, c’est en partie grâce à dix années de prix élevés du pétrole-atteignant 120 dollars le baril en 2014-et à l’effacement d’une partie de sa dette extérieure.

Ainsi, la forte soumission de l’économie au marché pétrolier a fragilisé la sécurité budgétaire d’autant plus que ni le Fonds de stabilisation ni les surplus accumulés au cours des années précédentes (plus de 200 milliards de dollars) n’ont pu amortir le choc provoqué par la chute du baril tant la gestion patrimoniale de la richesse nationale a gangrené l’État.

La présence en force du secteur informel et le poids du secteur public dans le marché du travail sont les pieds d’argile de ce système. Aujourd’hui dans son agonie, le pouvoir, après avoir épuisé ses arguments pour exercer sa pression sur la population, ne trouve plus que le chantage et la menace, dans sa fuite en avant, comme moyens de coercition.

La «main de l’étranger» brandie depuis quelques jours pour justifier un retour à la répression ne marche plus. Délire caractéristique de la réaction de tout dictateur pendant sa chute. Devant l’évidence de la rupture et du rejet par le peuple de la légitimité de l’autorité du régime en place incarné par Bensalah, Bedoui et Belaiz, pris tel un voleur la main dans le sac, la violence de son langage s’est accentuée et la menace devenue plus précise. Usant du cynisme qui le caractérise, avec mépris et arrogance, jusqu’au défi de la population, de ne pouvoir se révolter par crainte de la répression.

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