15 mars 1962, assassinat de Mouloud Feraoun

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Cela fait cinquante-sept ans , le 15 mars 1962, à trois jours de la signature des accords d’Evian, un commando de l’OAS dirigé par Roger Degueldre, un lieutenant, chantre de l’Algérie française et créateur des commandos Delta de triste nom, exécute lâchement Mouloud Feraoun et cinq autres inspecteurs des centre socio- éducatifs (Ali Hamoutène, Max Marchand, Robert Eymard, Salah Ould-Aoudia et Marcel Basset). Mouloud Feraoun qui a quitté, quelques années plutôt  Tizi-Hibel, pour s’installer à Alger, parce se sentant menacé par l’armée coloniale, se savait en sursis et pressentait sa mort.

« Bien sûr je ne veux pas mourir et je ne veux absolument pas que mes enfants meurent mais je ne prends aucune précaution particulière en dehors de celles qui, depuis une quinzaine, sont devenues mes habitudes : limitation des sorties, courses pour acheter « en gros », suppression des visites aux amis. Mais chaque fois que l’un d’entre nous sort, il décrit au retour un attentat ou signale une victime« . écrivait-il, le 14 mars 1962, sur son journal.

Cet assassinat qui a montré le visage hideux de l’OAS, une organisation terroriste qui usait de la politique de la terre brulée pour maintenir la présence française en Algérie, a été unanimement condamné par tous ceux qui s’inscrivaient dans la logique du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. «Pourquoi Mouloud Feraoun ? Parce que, ayant reçu le don d’écrire, il avait, lui, un raton, l’audace de l’exercer.

Parce qu’il osait conter son enfance pauvre et son pays, son attachement à ses amis et à sa patrie, et que cette liberté représentait à elle seule un outrage intolérable et une provocation à l’égard des seigneurs de l’O.A.S. » écrivait Jules Roy, dans l’Express, au lendemain de l’assassinat. Mouloud Feraoun, même parti prématurément, même si la bêtise humaine et les criminels  ne lui ont  pas accorder de temps pour vider toutes les flèches de son carquois littéraire, a laissé une œuvre importante et expressive, malgré qu’elle ne soit pas abondante.

Cinq œuvres de son vivant et quatre à titre posthume, qui en disent suffisamment sur le génie de cet écrivain hors pair qui a permis à la littérature nord-africaine d’expression française, d’aller à la conquête du monde. Humaniste, simple, modeste, humble… divers qualificatifs surgissent chaque fois qu’on prononce le nom de Feraoun. Entièrement rivé à sa terre et à ses traditions ancestrales, il a laissé derrière lui, une œuvre qui lui ressemble foncièrement, une œuvre humaniste, servie avec un style simple, limpide, accessible à tous, mais originale et magistrale, justement grâce à ces aspects-là.

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