Les opérations de charme du régime, mettant en avant cette semaine, de nouvelles –anciennes têtes et un léger lifting dans ses discours, comme moyens d’apaisement, n’ont eu aucune incidence sur la volonté de la population qui veut à tout prêt le mettre définitivement en échec et mat.
Comme attendu ,l’acte 4 de la fronde populaire anti système, organisé ce vendredi, a été un moment d’une mobilisation grandiose et impressionnante qui démontre, si besoin est, la volonté inébranlable des citoyens à se libérer irrévocablement de la tutelle de ce système accusé par tous de « fassad », d’injustice, de prédation, de clientélisme, de dilapidation, de fraude électorale, de déni identitaire, de sabotage économique… et bien d’autres maux qui ont mis le pays depuis l’indépendance, dans l’œil du cyclone et dans l’escarcelle des prédateurs.
« Oust ! », « Du balai ! », ont hurlé, encore une fois, aujourd’hui, des centaines de milliers de gosiers dans la ville des Hammadides. Un raz-de-marée de citoyens et citoyennes de tout âge, a déferlé sur la ville des quatre coins de la wilaya, (certains sont venus de leur localité à pied, à l’exemple de ces jeunes d’Amizour ), pour dire haut fort leur refus de demi-mesures et leur aspiration à un véritable changement.
Les manifestants qui ont sillonné pacifiquement, comme les marches précédentes, les artères de la ville ont réitéré leur soif de changement, de justice sociale, de démocratie et de respect des droits humains. «Le peuple ne veut ni Bouteflika ni Saïd » « Ulac,ulac , ulac smah ulac » « Imazighen, Imazighen !» « Y en a marre de ce pouvoir !» « Pouvoir assassin »… s’égosillaient-ils, en Kabyle, en arabe et en français. Même un policier en tenue s’est joint à cette marche pour exprimer son adhésion à ce sursaut révolutionnaire. « Police et peuple, fraternité, fraternité » ont alors scandé les manifestants se trouvant sur les lieux. Ce qui est surtout remarquable, c’est l’amélioration constante du sens organisationnel observée parmi les marcheurs. On est loin de la configuration de la marche du premier vendredi de la colère.
Du transport des manifestants, aux slogans brandis, en passant par l’organisation des carrés des marcheurs et autres détails, il est aisé de constater le progrès accompli qui augure de très beaux jours et d’autres victoires pour ce mouvement en constante évolution.
Ainsi, de nombreuses APC, mitigées au début, ont mis gratuitement, aujourd’hui, leur flotte de bus à la disposition des marcheurs. De nombreux citoyens, corporations et autres restés eux aussi en marge du mouvement à son début, car soupçonneux et ne voulant pas répondre à des appels anonymes, rejoignent maintenant en masse le train de la révolte.
Coté slogans, aux deux revendications phares du début « Non au cinquième mandat » et « Système dégage », une floraison d’autres slogans politiques, en harmonie avec la phase actuelle issue de l’annulation du 5e mandat, précisant les contours de la période de transition et les bases sur lesquelles doit se bâtir la nouvelle république commencent à faire leur apparition et à devenir de plus en plus visibles. Le peuple pour le quatrième vendredi consécutif, comme un seul homme a jeté, une fois encore, à la face du monde, pacifiquement, avec un civisme inégalé, son verdict : « On ne veut plus de ce système. Non aux prolongations, oui au changement radical ! »