Le monde entier braqué sur les événements en Algérie

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Le monde regarde et scrute avec étonnement les événements qui se déroulent en Algérie depuis les  marches du 22 février dernier qui a eu un effet boule de neige sur l’ensemble des catégories de la population.

Après les événements d’octobre 88, le 22 février 2019 est à inscrire désormais dans le registre des grandes dates historiques. Des émeutes d’octobre 1988 à Alger, tout a été dit-ou presque. Que se passera-t-il le 1ermars prochain dans son acte II, durant ces quelques jours qui marqueront ce moment idoine où la vérité des choses se dévoile brusquement ? Le régime livrera à tous son vrai visage en ces journées ou les groupes d’intérêt au pouvoir ne s’affrontent jamais à visage découvert : ils se réfugient derrière la manipulation étrangère.

À ce titre, il est légitime de dire que les manifestations des berbéristes en 1981 à Alger, Constantine (1986) Alger (1988) et en Kabylie (2001) ont été les vrais premiers épisodes de la libération de la parole. Depuis la prise de pouvoir de Bouteflika en 1999, les libertés démocratiques acquises au prix d’un immense sacrifice (des centaines de morts en octobre 88 et quelques 200.000 morts durant la décennie noire) ont pris un recul dangereux.

Les pays occidentaux, les pays du bassin méditerranéen et les pays africains regardent avec une attention particulière les événements qui se déroulent en Algérie et sur quoi va déboucher cette dynamique pacifique et rebelle de la population qui est sortie comme un seul homme se dresser contre un pouvoir oligarchique et autiste qui a fermé tous les espaces politiques, économiques et culturels.

  D’ailleurs l’ONG de défense des droits humains Amnesty International n’a pas tout à fait tort de faire part dans un rapport publié ce mercredi des interdictions et autres entraves pratiquées par le pouvoir : «En 2018, les autorités ont restreint de façon injustifiée les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association, notamment en procédant à l’arrestation et à la détention arbitraire de journalistes et de militants sur la base de dispositions très restrictives du Code pénal», affirme Amnesty, qui ajoute que les autorités «ont maintenu une interdiction de facto de manifester dans la capitale, Alger, et ont fait usage d’une force excessive pour disperser des manifestants pacifiques dans plusieurs villes du pays».

 Évoquant le volet de la liberté d’expression, Amnesty International a déploré une nouvelle fois que les autorités ont encore en 2018 «utilisé des dispositions du code pénal pour bâillonner la liberté d’expression». Selon cette organisation au moins sept (7) journalistes et (6) militants ont été arrêtés et placés en détention en vertu de telles dispositions.

Plusieurs d’entre eux ont été jugés et condamnés, dans certains cas à une peine d’emprisonnement. L’ONG a également pointé du doigt l’interdiction «de facto de manifester dans Alger, en application d’un décret non publié de 2001», avançant qu’en plusieurs occasions, les forces de sécurité «ont dispersé arbitrairement des personnes au motif que le rassemblement auquel elles participaient n’avait pas été autorisé». Entre janvier et avril (2018) rien qu’à Alger, les forces de l’ordre sont intervenues, parfois au moyen d’une force excessive, contre plusieurs manifestations pacifiques d’internes en médecine qui protestaient contre leurs conditions de travail, rappelle Amnesty.

En juillet 2018, les forces de sécurité ont dispersé par la force des manifestants rassemblés à Ouargla pour protester contre le chômage. En septembre, les autorités ont empêché des sympathisants de Mouwatana, un mouvement politique mobilisé contre un cinquième mandat du président Bouteflika, de se rassembler pacifiquement à Constantine et Bejaïa», rappelle encore l’ONG.

Au sujet de la liberté d’association, Amnesty affirme que cette année encore, les pouvoirs publics ont maintenu dans un vide juridique de nombreuses associations, dont Amnesty International Algérie, en n’accusant pas réception de leur demande d’enregistrement soumise en application de la loi relative aux associations, extrêmement restrictive : «Les autorités ont poursuivi les opérations répressives entamées en août 2017 contre les migrants venus d’Afrique subsaharienne. Plusieurs milliers de personnes ont ainsi été arrêtées arbitrairement, placées en détention, transférées de force dans l’extrême sud du pays et expulsées vers les pays voisins», dénonce par ailleurs l’ONG.

«En avril, les forces de sécurité ont procédé à des arrestations massives dans la ville d’Oran lors d’opérations de ratissage au cours desquelles des migrants ont été frappés à coups de matraque et roués de coups de pied», rappelle Amnesty International.

Enfin Des personnalités politiques et historiques dont l’ancien Chef du gouvernement Ahmed Benbitour, le commandant Lakhdar Bouregaâ, chef militaire de la wilaya 4 historique et Abdelaziz Rahabi, diplomate et ancien ministre de la Communication, Mohamed Boukheta, Mohamed Arezki Ferad, Amer Rekhila, Abdelghali Rezaki, Noureddine Touimi, Nacer Djabi, Haider Ben Drihem, Rachid Ould Boussiafa, Fateh Boussneane et Mohamed Soltani ont publié, mardi, une déclaration adressée au «peuple algérien» dans laquelle ils appellent à poursuivre la protestation et à s’inscrire collectivement dans le fait politique : «Nous saluons le soulèvement populaire pacifique qu’ont connu la plupart des villes dans tout le pays le vendredi 22 février appelant à l’arrêt de l’humiliation du peuple algérien et ses hommes (…) par la volonté de porter le candidat M. Abdelaziz Bouteflika, l’actuel président », écrivent les auteurs de l’appel.

Tout en appelant le pouvoir à éviter «l’utilisation non-constitutionnelle des appareils de l’Etat pour réprimer ou dévier la protestation ou la faire sortir de son cadre pacifique», les auteurs du message invitent «avec insistance la population à  poursuivre son soulèvement et à ne pas répondre aux provocations».

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