Au sein de la corporation des journalistes de la presse publique (écrite et audiovisuellle) autant que celle dite privée, un malaise latent est aujourd’hui observé par rapport aux grandes marches organisées par les acteurs de la société civile qui ont indéniablement marqué l’histoire présente et future de l’Algérie post-indépendante.
Ainsi une journaliste n’a pas entendu trop longtemps pour exprimer sa colère et sa frustration de journaliste pour claquer la porte de la radio nationale. La journaliste de la radio chaîne III, Meriem Abdou, qui anime l’émission «L’histoire en marche» a décidé ce samedi de jeter l’éponge et quitter ses fonctions de responsable dans la rédaction de cette radio francophone en signe de protestation.
N’ayant pas apprécié que sa radio ait fait l’impasse sur les manifestations citoyenne, Meriem Abdou, a décidé de démissionner de son poste : «Je refuse catégoriquement de cautionner un comportement qui foule aux pieds les règles les plus élémentaires de notre noble métier», a-t-elle signifié à ses responsables sur sa page Facebook.
Mais tout n’est pas noir dans ce monde de la presse dite étatique. L’agence de presse APS a fait exception pour avoir diffusé une dépêche sur les manifestations du vendredi 22 février. Cette agence a balancé une dépêche après 19h00 titrée «manifestations à Alger et dans plusieurs wilayas pour appuyer des revendications d’ordre politique» puis «Les manifestants ont également demandé au président sortant de renoncer à sa candidature à un nouveau mandat».
Les autres médias publics (télévision, radio et journaux) ont fait l’impasse sur les manifestations. Pas une seule image, par un son ni un écrit dans les médias étatiques. Les chaînes de télévision privées n’ont pas fait mieux. Certaines n’ont commencé à diffuser les images des manifestations que tard dans l’après-midi du vendredi après avoir constaté l’ampleur de la colère de la rue contre le 5e mandat du président.
Idem pour les journaux à petit tirage (plus d’une quarantaine) qui vivent de l’aumône de l’ANEP. Seule la chaîne TV El Magharibia basée à Londres a couvert à travers une émission spéciale animée par Salhi presque toute la journée ces manifestations.
Entre vidéos postés par les manifestants, la chaine TV a aussi ouvert ses antennes aux personnalités à partir d’Alger. Enfin quelques titres de la presse indépendante ont suffisamment commenté ces marches en ouvrant les «Unes» de leurs journaux, à l’image d’El Watan, le quotidien d’Oran, Liberté, le soir d’Algérie et El Khabar.
Les supporter de Rachid Nekkaz qui étaient ce samedi de passage à Alger ont profité de ce rassemblement pour exprimer leur colère contre les médias algériens qui n’ont pas couvert les manifestations historiques de vendredi 22 février en scandant à maintes reprises : «Sahafa dégage».
